Chronique du rat (39) Une pensée de Norbert Gourdon [blog de la Société des lecteurs de Norbert Gourdon]
Notre Écrivain ne s’est toujours pas résolu à abandonner sa rustique roulotte pour le confort bourgeois de la vie sédentaire. Cet être sage et de bon conseil vit en harmonie avec lui-même au Camping de la pinède, du côté des calanques, à trois pas d’une plage de sable fin.
C’est le début de l’été. Une petite équipe de Fr3 vient interviewer les premiers vacanciers. Ainsi que l’Écrivain l’exprime dans son style oraculaire incomparable, quand il eut fait signe aux journalistes par la fenêtre entrouverte de sa roulotte (psst psst ! c’est moi !… Comment ça : qui, moi ?) :
– Messieurs, voici que le Seigneur du château s’accoude, ensommeillé, sur un des mâchicoulis de la tour de guet de sa passion littéraire. À peine perceptible malgré la clarté de la rivière sous la lune – le potager au bas du donjon jouxte les douves, gardé par son bâtard de petit frère, son daemon, un jardinier bossu qui veille sur les légumes rares rapportés de lointains pays, en rêvant d’exploits et de gloire, de plaies et de bosses. C’est le Genre humain, égal à lui-même.
– Mais encore ?
Écœuré, Norbert Gourdon referme les volets sur l’incompréhension du monde.
On ne le revoit plus de quarante jours et de quarante nuits.