Chronique du rat (42) L’Amour chez le rat
Si le rat montre le dos à l’ennemi, c’est son ventre qu’il expose à l’amie. Voilà qui est bien sympathique. C’est un être simple – et même binaire, comme on aime dire aujourd’hui.
Le rat saute sur tout ce qui bouge et qui est chaud et ressemble à une rate. Il ne saute donc pas sur les radiateurs. Bonne nouvelle.
Le rat est un être sacrificiel : il a rencontré beaucoup de femmes dans sa vie. Il s’en est fait un devoir pour renseigner le monde à travers une œuvre admirable qui n’a pas fini de propager ses conséquences. Responsabilité écrasante mais vertu avant tout !
Cette infidélité, qui vous chagrine, Antoinette (ou Sandra ou Maurice), est naturelle, selon lui, et de toute façon sert son œuvre. Comment parlerait-il de l’amour s’il n’avait une riche expérience de tous les cas de figure qu’il occasionne. Vous lui reprochez vivement qu’il vous traite de « cas de figure ».
– Est-ce que j’ai une figure de cas ?
Il retourne écrire, la queue basse, mais n’en pense pas moins.
En amour, le rat apprend. Il évite ce qui l’a rendu malade la première fois. L’écrivain jamais. Il y revient.