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Publié par Michel Castanier

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[Léon Ferrari]

 

Ultima Verba

 

« Notre odeur est mer­veilleuse, elle nous ravit, mais ce n’est pas l’opinion unanime. Sans doute nos rumina­tions men­tales au­raient le même effet consternant. La pensée brut émet des es­sences assez peu raffinées, il faut la fil­trer. Ce serait écrire mais peu écrivent et c’est pourquoi tant de mau­vaises odeurs émanent des réseaux sociaux, mais bien sûr il ne se­rait personne pour se re­connaître dans mes propos malveillants, puis­qu’on ne se connaît pas, justement, et que pourtant on s’aime éper­dum­ent. Mais qui aime-t-on ? »

Ce jour-là il a voulu tenir ce rôle – faire le Darius – jusqu’au bout, jusqu’à ce que, épuisé, dévitalisé, il admette par défaillance ou lucidité que ce n’est qu’un rôle, un personnage possible parmi tant d’autres, pas plus véridique, à peine plus intéres­sant, à peine digne des notes que je prends ici.

Personne ne s'attendait à de tels aveux, à ce coeur ouvert comme un livre, nous en étions touchés et avec gratitude accueillions une sincérité si désarmée - puis certains rougirent, comment avaient-ils pu se laisser prendre au dernier tour de piste du Grand Cirque Chopineau?

«  D'ordinaire, on se reconstitue sans cesse. Pas de visage, mais nombre de visages se superposent à la même absence de visage et passent. Pas de voix profonde mais des voix, des voix étrangères qui parlent en nous, la personnalité un trompe-l'œil, nous sommes le miroir des autres, jeu de reflets entre nous, un défilé dans le labyrinthe de verre à la fête foraine de la société. Chacun – s’étant connu un peu – sait qu’il est nom­breux. S’il dit quelque chose de l’homme, l’homme ne sait rien de ce qu’il dit. »

Les femmes parmi nous ne sont pas les moins convain­cues, ses mésa­ventures ont été les leurs, ses pré­occupations amou­reuses, son excessif égotisme.

Tout de même, j’étais impressionné. Il faut n’avoir aucune vanité, n’est-ce pas, pour se donner en spec­tacle à ce point, être son propre montreur de la marion­nette des pas­sions et du vide d’une existence exige un orgueil se­rein et la cons­cience extrême de sa liberté, de son indépen­dance et de son opti­misme sacré.

Nous voyons Darius Chopineau souffrir, se dé­battre, s’essouffler, se reprendre et finalement agoniser. Nous souffrons avec lui et pour nous, assis sur tout ce qui se trouve de con­for­table dans la chambre du ma­lade.

 

[à suivre]

 

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