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Publié par Michel Castanier

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[Auteur de l’image non identifié]

 

 

Bricolages

Oiseux oiseaux oisifs

 

La colonne vertébrale douloureuse est le prix à payer pour notre suprématie sur les autres espèces, pour notre merveilleuse civilisation et pour ma flamboyante intelli­gence. Aurions-nous rampé nous n'aurions eu que des pen­sées sinueuses et l'esprit terre à terre. On connaît la hauteur de vue de la girafe, et les oiseaux sont à l'évidence une tentative d'angélisa­tion. Le missile sol-air aussi. La Nature aura été riche en inven­tivité pour nous élever au-dessus de la Nature. À croire qu'elle ne s'aime pas.

Quelle que doit la prometteuse réforme du 100 mètres olympique en 99,9 mètres, l’autruche sera toujours la créature la plus rapide du monde. À quoi bon s'obstiner ? En finir avec notre posture prétentieuse ? Cela se dis­cute. Vivre à quatre pattes sera désormais peu envisa­geable, les nouvelles féministes que j'ai rencontré-e-s dans mes derniers temps à Paris réprouvait cette soumission. Très choqué, enfin rééduqué et plein de bonne volonté, je ne fais plus ce qu'on appelle l'amour que debout et sur la pointe des pieds, on voit mieux l'horizon.

L'optimisme devrait être un éventail de soie délicat pour nos fronts soucieux.

 

Il est hors de question que je mette des sous dans une chaise ergonomique. C'est à moi de prendre les disposi­tions adéquates et ce n'est qu'une question de discipline, peu couteux et moral : se tenir droit.

C'est d'ailleurs tout un état d'esprit à reconsidérer. La situa­tion sanitaire m'écroule, j'étouffe à tous les sens du mot, le manque d'oxygénation épuise, le port du masque prophylactique y rajoute, je ne cire plus mes souliers, n’époussète plus mes pantoufles, ne fais plus la vaisselle, n’ouvre plus mes fenêtres, les robinets, ma porte, le gaz. Je suis le Bouddha moderne du non-agir.

Je crois comprendre qu'être débordé est un premier renon­cement – le commencement de la fin. C'est un grand ménage à faire et les attentions de mon amie Prudence m'y encoura­gent. Elle est une spécia­liste de la bonne tenue. Elle a un rapport au corps d'une cohérence et d'une subtilité qui m'enthousias­ment (je n’ai jamais connu des mains aussi intelli­gentes) – et tout cela avec un petit air sévère qui fait ma joie et qui cache des trésors de bouffonnerie. Se tenir droit est chez elle la raison pratique et suffisante.

 

Cependant, à force de souffrances, je languis parfois de m'enfouir sous terre pour y ranger ma colonne vertébrale – ce qui ne saurait tarder, d'ailleurs. J'espère que Prudence viendra sur ma tombe lire quelques pages de Casanova – si les girls-scouts de la police des mœurs ne l'en empêchent pas.

J’aurai à vous parler de Prudence, ce bonheur.

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