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Publié par Michel Castanier

pamphlet satire comédie littérature
Loisel

 

 

Vie peu recommandable d’Arlette

 

 

Arlette, qui a très mau­vaise répu­ta­tion, n’y est pour rien.

A la moindre émotion, très ner­veuse, la réceptionniste saute : un effleurement de la main et on la retrou­ve po­sée sur le pal­mier dans le patio des bureaux, un baiser sur le front on la ré­cupère effarée dans le placard des factures si on a de la chance, par­fois perchée sur la photocopieuse, intacte et ahu­rie, ou bien à califourchon sur l’armoire des recouvrements, l’air effa­rou­chée, ses nari­nes pal­pitant, le re­gard noyé sous ses paupiè­res en­flées comme des cloques par la vo­lupté. Elle n’a pas le moin­dre bon sens.

En amour, ne vous y risquez pas, Arlette est si fragile, il n’est per­sonne pour oser l’approcher, cette sen­si­tive au tem­pé­rament de midi­nette, à peine le nez dans un hebdo­madaire people à la cafétéria, entre en con­somp­tion, un ser­rement de main elle se brise, une caresse elle en meurt.

Arlette, originaire de l’Euphrate aux grands croco­diles, ap­paraît ; ré­apparaît ; elle s’y perd, elle vous perd, ce sont des gam­bits du cœur inof­fensifs, elle a même une présence si­mul­ta­née en plusieurs lieux, jamais très loin, elle s’échange, elle roque, ce sont des gambles, de petits coups hasar­dés sur un ter­ritoire fina­lement assez mo­deste mais qui lui suffit : une sorte de Carte du Tendre, son cœur, une géo­graphie délicate où elle va de Tendre-sur-Estime à Tendre-sur-Reconnaissance en sui­vant Inclination, fleuve au cours intranquille.

Peu d’êtres ont la vie intérieure d’Arlette Bergeron, la Femme-grenouille, originaire de l’Euphrate aux grands croco­diles.

 

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