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Publié par Michel Castanier

satire comédie littérature autobiographie autofiction portrait fragment sotie pamphlet
[panneau de signalisation suisse]

 

Femmes

 

Il y a des femmes qui s’échouent jeunes, au premier homme (ou le seul, à quoi bon en avoir d’autres, ce sera le même), aux pre­mières couches, aux pre­miers pas du bébé. S’éteindre, fer­mer les volets, la porte, pas de clé sous le paillasson. Elle s’est rési­gnée. Cela se voit. C’est physique. Ce visage ré­duit, pauvre. Le renonce­ment à l’astucieuse coquetterie, la négligence, le re­gard éteint ou qui ne se pose que sur l’enfant à la sortie de la mater­nelle. La mis­sion est accomplie. La maison close.

Elles ne connaîtront pas les ultimes fraîcheurs, le beau renou­veau d’une amoureuse. Là encore, il ne se­rait que brutal, suffisant et prédateur.

Il en est d’autres...

 

Celles à qui il est donné un peu d’importance par le fauteuil d‘un salon de coiffure

et qui rêvent sous leur casque et s’attristent du sort du monde

et s’amusent du principe d’incertitude d’Heisenberg avec le­quel elle ne sont pas d’accord

et imaginent fort très fort elles ne savent encore qui

et se souviennent de leurs proches et se font du souci sous le séchoir pour leur famille, leur amant, la réussite d’une couleur.

 

Celles qu’un homme regarde et qui en sont aussitôt désorien­tées,

si visiblement réduites à leur corps dont elles ne sa­vent plus que faire,

qui les embarrasse,

qui est en trop,

qui parle pour elles,

qui est bien trop bavard,

bien trop malicieux,

une merveilleuse malédiction.

 

Celles qui passent sur le tamis de l’acte sexuel, qui sont bous­cu­lées, écra­sées, pilées, broyées, démembrées,

et se relèvent,

fraîches comme l’herbe au matin,

ayant le sourire de la Joconde,

et gen­tilles,

ou­blieuses,

sifflotent et esquissent un entrechat dans le petit jour morne.

 


 

 

 

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