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Publié par Michel Castanier

humour comédie satire sotie
[Auteur de l’image introuvable]

 

Inventaire


 

Robineau en pleine crise, et très pensif, m’a expliqué avoir tou­jours laissé les mar­souins sau­ter hors de l’eau, les hip­po­campes danser en as­censeur le long d’une herbe ma­rine, les dauphins rire, les mouettes chahuter : ses idées.

Rien que ça !

Le cher homme ne maîtrise plus rien. Si ses no­tions maritimes sont lé­gères, en revanche il sait tout à pré­sent de l’art des couteliers. Ci­seaux, rasoirs, lames, haches, couperet... Rien qu’il ne con­naisse sur le bout des nerfs.

On a tous vu avec effroi des photographies de la Vierge de Nu­remberg, ce monstre de fer qui se refermait comme un œuf sur sa victime et l’em­bras­sait dans ses pointes d’acier.

Il est le jaune ?

La moindre mobili­té de ses pensées, la moindre as­sociation d’idées, le moindre souve­nir, Robineau se recroque­ville sous la lame glacée, il se débat et se déchire…

Le dernier de leurs baisers aurait été le baiser de la Vierge ?

Une silence religieux passa un certain temps sur nos thés, cafés, décaféinés, cubes de sucres, sucre sans sucre.

Une forme d’assomption ?

Il nous contamine…


 

Méditation


Ces gens avaient du bon sens, finalement.

Le monde, qui est notre seule représentation, est in­suffisam­ment vrai. La vérité se cache dans notre dos. Sa révélation tarde, elle né­cessite au moins la pose d’un ré­troviseur que nous fournit le temps et par lequel en­tre­voir ce qu’il en est, mais n’est-ce pas toujours trop tard ? L’accident a eu lieu, le choc, les brisures, la tristesse qui coule et se répand. Ce qu’on n’a pas su – ou voulu savoir, le plus souvent – était déjà là et nous atten­dait, ni rieur ni morose, simple­ment là, in­différent. C’est un progrès.


 

Gigantomachie

 

J’entrais dans de profondes réflexions qui me mettaient en cause.

Je me disais : je ne suis pas assez viril. La grossièreté du cœur, pas mal par­tagée, y aide mais n’est pas un tel atout. La ruse et la malveil­lance sont de plus sûrs gants de boxe pour le succès d’un homme entreprenant.

Je comprenais qu’un certain manque d’agressivité m’ait été dom­mageable. Comment progresser sans avoir du punch, progres­ser vers quoi, peu importe, importe le punch et la grande satis­faction de soi qu’il procure. En revanche, ne jamais dire ni oui ni non, ainsi qu’à mon habitude, est un handicap qui n’autorise que peu d’espoir d’avancement, tout au plus une vie décente dans un placard. Mais, à bien y réfléchir, puncher à tout va n’est pas non plus une vie. Être punché pas mieux.

J’aurais préféré une plus grande maîtrise dans mes coups, n’en être pas prodigue, mais les placer avec efficacité et minu­tie, une bonne fois pour toutes. Cette agitation vaine – cette per­turbation des airs qu’a été ma vie de moulin à vent fut un com­bat contre le vide. Le bras s’y fatigue, se risque une dislocation du biceps, le gain est modéré, le vide proclamé vainqueur. Le cocard assuré.



 

[à suivre]


 

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