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Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie
Leszek Bujnowski

 

Avouons-le, je me ressens très mal de deux gin tonic Hendrick’s et leur eau tonique phenomenal tonic siroop. C’est chic, suave, et m’a mis rose d’émotion mais légèrement pompette : d’où une propension à un peu de relâchement, à la paresse. Plutôt batifoler dans ces lignes. Hypersensibilité de l’ouïe (ce serait un signe de dépression). Une sonnerie infime (un frottement ?) m’agace l’oreille. Je finis par en situer l’origine dans le magnétophone qui tourne à vide. Cela suffit pour que je ne le perçoive plus. D’ailleurs, le bourdonnement de la glaciation du réfrigérateur a pris le relais. Bientôt j’entends les motos tourner sur la place de la Nation et les manèges de la Foire du trône. Je crois que c’est un phénomène printanier. Voilà mes petits soucis. Je songe à ce qu’était un soir pareil il y a peu de temps – cette culture de la souffrance (ma rouquine). J’y songe avec satisfaction. Je ne me plains pas des petits bruits. Des pas dans le couloir de l’hôtel, le claquement d’une porte proche, une fenêtre éclaire le balcon mitoyen, ce sont des voix dans une chambre à côté, un rire de femme. Comme si je participais à la gaieté dans la chambre voisine, bien que la conversation, presque audible, se développe avec une autorité, une insou­ciance qui m’exclue. Je suppose plutôt, avec un éternue­ment étouffé, que cette sensibilité est en effet un phénomène printanier chez moi, un renouveau, comme ma perception particulière de l’odeur des micocouliers, échauffée par les premières pluies, qui monte au balcon quand j’entrouvre la porte-fenêtre. Je me poste contre la fenêtre, afin de voir la capitale s’illuminer sous l’arrivée phospho­rescente d’un orage. La chambre située trop à l’écart dans le bâtiment, ne m’offre qu’une vue étroite, en biais. Je dois ap­procher mon vi­sage de la vitre qui, éblouie par un nouvel éclair, paraît exploser. Dans le faible bruissement de pluie qui s’ensuit, des cris de plaisir dans l’autre chambre paraissent presque doux. Je m’assoie sur le bord d’une chaise, devant le mur, mes mains pressées entre mes genoux, et je souris. Cet in­confort, autrefois, m’aurait amoindri. Je n’y pense plus, ou n’y pense par la suite que pour m’amuser de ne plus le remarquer. Je ne vais pas me plaindre des petits bruits dans les murs.

 

 

Un ami pornographe (400 livres érotiques à son passif : un des hommes qui ont fait le plus jouir la France) se désolait que la fellation qu’il décrivait si astucieusement ne serait jamais la fellation de ses lecteurs. En effet. Nous ne partageons pas mieux le même coucher de soleil. J’y voyais au contraire une chance et que du moins l’humanité n’était pas une ruche. En somme une usine de reproduction.

Chacun sa fellation et la littérature sera bien gardée, lui dis-je.

La Reine de la pipe ne me parle plus.

 

 

L’amitié – comme l’amour – est un contrat avec ce que le contrat a de factuel et de dénonciable. Cela se voit tous les jours. Ce n’est pas grave. On ne peut attendre de longévité à cet accord entre deux termes au sujet de quelques habitudes – une situation de confort que déstabilisera un déménagement, une délocalisation professionnelle, un dépaysement amoureux.

 

 

Le sexe de Zagdanski. Donc le petit Zag, fils spirituel de Philippe Sollers jusque dans le reniement, look de Fils éternel d’ailleurs, se partageant avec papa le Saint-Esprit, une pétulance épatée de jeune homme à la sortie du bordel littéraire germanopratin, une couverture culturelle à la Pic de la Mirandole, le cerveau bodybuildé, sulfatant de vastes épandages de l’esprit saint, parcourant à pas de géant la théologie catholique sur ses échasses talmudiques, nous servant nappe après nappe de vastes généralités abusives, parlant de la mort comme si c’était sa petite sœur, au courant, très au courant de la sexualité des femmes et par là même de leurs enfants, les hommes, jamais en peine d’un paradoxe fut-fut de cour d’école, ayant bien saisi le ton oraculaire du papa pour nous pétrifier dans des énigmes de Gorgone.

Zag, mon petit Zag, tu es un garçon prometteur qui a un peu trop vite grandi, prends ton temps, va te baigner dans toutes les eaux propres de la planète et reviens-nous avec un peu de la beauté qui sauve.

 

 

Comment peuvent-elles aller avec tant de sévérité hautaine alors que leurs fesses les suivent, cette indiscrétion offerte aux re­gards ?

 

 

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