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Publié par Michel Castanier

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[l'image est de Tim Walker]

 

20

 

Il nous arrive, ces temps-ci, d’assister dévotement à une de ces émissions littéraires qui m’exaspéraient jusqu’alors, mais notre complicité est une tour de guet d’où voir venir de loin les Barbares. Déjà Philomène se désole qu’Hamilton ait vieilli ces temps-ci – et, de fait, le grand Hamilton nous parut un peu dé­passé, n’ayant pu en placer une, car l’interviewer bavard cou­vre sa voix et re­lance ses propres réponses dans ses questions : un in­signi­fiant recouvrant un signi­fiant majeur.

Elle – Un écrivain en vie est en travail. Il est difficile de repé­rer les contours d’une aventure littéraire.

Moi – Tu as le choix.

Je désignai un individu gras affalé sur le canapé du studio. Je pensais qu’il devait tacher si on le touchait – mais qui l’aurait touché, à part la prostitution ?

Moi – Une grossièreté d’expression qui se veut moderne et n’est que mode et complaisance. Morel gave ses pages de tout ce qui lui passe par l’esprit, n’en distrait rien, se con­tente de tout, le lecteur s’y reconnaîtra, nous dit-il. Il n’a aucun bon sens. Il croit au lecteur.

Mon institutrice me montre le Laurel de cet Hardy, posé sur l’extrême bord du même canapé, comme un héron mélanco­lique au bord d’une flaque.

Elle – Ou bien tu as l'odeur confi­née du vieux garçon, du cé­libat à manies et aux phobies fa­rouches : Imbert, le vieil écri­vain offi­ciel. L’amour lui est l’occasion d’exercices de style. Les phrases sont bien rangées, méticu­leusement, mais elles saturent la page comme un ex­cès d'ameublement de style.

Moi – Mais Hamilton ! Hamilton qui s’est endormi ! On re­garde sous les phrases comme sous un tapis d’honnête ména­gère: il n’y a rien de caché, on ne trouvera pas la poussière des cli­chés repoussée dessous, ni pitre, ni faiseur, aucune petite comédie. Il semble qu’en tournant ses pages, le monde se trans­forme autour du livre.

Elle – Toute vie est un art de vivre. Tout art de vivre est un art d’écrire et tout art d’écrire est un art d’écrire sa vie.

Je tournais dans ma bibliothèque, les mains dans les poches, quand je me suis arrêté, trop stupéfait, si brusque­ment que ma folie, flânant derrière moi, se heurta à mon dos.

Moi – Étourdissant !

Je ne cessais de découvrir comme elle était plutôt savante et qu’il se pourrait même qu’elle en sache un peu plus que moi sur moi, et c’était très bien ainsi, j’aime admirer.

Elle – Et c’est ainsi que l’artiste n’est qu’un stade de l’œuvre d’art !

 Madame Philomène m’enseigne, elle est bonne pédagogue, elle voit les impasses où se fourvoie son élève, elle les éclaire. Elle me légitime. Elle fait de son écolier non une créature éblouissante mais un être intérieurement lumineux.

 

[à suivre]

 

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