Chronique du rat (11) L’Écrivain : le nom de l’écrivain

Cela ne saurait durer. L’Art est là, qui le tient, le ronge. Et vous, qui êtes-vous, finalement ? Une vague contemporaine. Une écume. La postérité n’aura pas pour nom Antoinette (ou Sandra ou Maurice).

Justement. Quand l’écrivain n’est pas en crise, il se cherche un nom. Un nom qui fasse autorité. Autre sorte de crise, œdipienne, celle-là.

Comment le nom lui vient, Dieu seul le sait.

Et ses personnages, donc ? N’existent-ils pas pour de vrai dès lors qu’ils ont un nom ? Le bon nom. Qui permettra de faire comme si. Comme s’ils étaient vrais.

Il sera Norbert Gourdon. Ça sonne, ça vous a un petit air claironnant, ça vous pose son homme.

C’est d’ailleurs son propre nom. On ne peut pas faire plus vrai. Il s’est admis. Il est enfin qui il est.

Dès qu’il a un nom, il monte un blog à son nom. Le blog des amis de Norbert Gourdon. Il ne doute plus de rien. Il tweete à tout va. Il s’inscrit sur Facebook.

Il attend.

Il attend.

Il attend des amis.