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Publié par Michel Castanier

Chronique du rat (33) Une pensée de Norbert Gourdon [blog de la Société des lecteurs de Norbert Gourdon]

Au Camping de la pinède, où fleurissent les tentes et les mobil-home, à proximité des calanques, Norbert Gourdon s’étire sur le seuil de sa mobil-home par ce petit ma­tin dont la bonne hu­meur pro­met­ une splen­dide journée.

Un ruisseau glousse dans les bruyères ; une vieille Un­der­wood qui date de l’enfance de notre écri­vain public – lourde et noire, digne des ma­chi­nes infer­nales que faisaient explo­ser les anar­chistes au temps où le terrorisme était un sport de gen­tle­men – est posée dans l’herbe en guise de nain de jar­din.

Comme il nous le dit dans son style impeccable, quand ce fin ob­servateur de la condition humaine ac­cepte de commenter l’avenir du monde :

– La pensée du Genre hu­main s’étire le cou – sa tête pi­vote à la moin­dre alerte comme une roue bouge sur son axe. Ce n’est pas vraiment elle, bien sûr. C’est la folie, bien ca­chée dans la pensée, qui a tou­jours rôdé à même la disci­pline de la pen­sée où elle abîme des secteurs si minu­tieuse­ment prépa­rés. Elle est fine, à sa façon, très fine, elle va prendre de vi­tesse le bon sens.

Norbert Gourdon, avant de refermer sur lui la porte de son mobil-home, a un rire de che­val.

Hamac d’osier ef­fon­dré dans l’herbe touf­fue de­vant les sa­nitaires ; balan­çoire ; ap­pen­tis d’horti­culteur du côté de la pa­lis­sade en ra­cines de ré­glisse qui enclos les lieux ; chu­cho­tis déçus de notre entretien à notre départ ; une grenouille en coas­sant sau­te au trampoline sur un nénu­phar ; le ruis­seau bruisse en con­tre­point de nos murmures, perdu au fond d’une anfractuo­sité du sol.

La porte se rouvre avec fracas.

– C'est étonnant comme l'esprit progresse par petits sauts ! Exactement comme une grenouille ! Entrez donc ! Je vais vous faire lecture de mon dernier ouvrage …

Nous nous bousculons déjà à la porte de la clôture.

– Bande de bols alimentaires !

On ne le revoit plus de quarante jours et de quarante nuits.

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