Vies merveilleuses de l’Impeccable, ami des oubliés, prix Auguste - 9
Notre remarquable ami n’a plus cette ferveur de vivre qu’au choix on aime ou déteste en lui. Après quelques essais pitoyables pour être encore à la hauteur de cette fièvre, il y renonce, où plutôt elle s’écoule de lui, elle le quitte, elle ne lui appartient pas. Sa secrète mélancolie apparaît pleinement, il s’y abandonne.
Sa déception est bien plus essentielle que lui-même l’a d’abord imaginé, il s’avoue épuisé de façon immonde, il se dit immensément las, il ne dit pas : de la vie, il dit : de lui-même, il a perdu la foi : l’idée à peine exprimée (il ne l’aurait quand même pas osé) que son existence – que toute existence – est une œuvre d’art.
L’Impeccable admet mal que cet acte décisif de sa vie intérieure ait été gâché par une erreur de casting, ou plutôt qu’il ait trop prêté au personnage de cette femme. La pièce est un four. Si on veut bien figurer la douce enfant comme la place centrale d’une ville animée et fortunée l’Impeccable a été relégué par un car de police dans la morne et fatale banlieue d’un quartier sensible.
Il le reconnaît auprès de moi une dernière fois, il vaut mieux qu’il n’ait pas vécu avec elle, la rouquine fabuleuse, il rit doucement à cette idée.
– Elle m’a pris pour un fou c’est sûr elle est si simplette, et puis il y a son mari, son vieux mari, il lui suffira.