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Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie
homme et femme – Joan Miro

 

La généralisation est généralement dangereuse. Commencement de la bêtise et de ses horreurs, dire les femmes est abusif, ne rien dire et même ne plus penser. J’en ai connu, plus ou moins, de toute sorte – des merveilleuses jusqu’aux souricières sans fromage. Il se peut que la souricière ait été une merveille pour un autre homme. Je le souhaite même vivement. C’est possible. Il n’y a jamais un homme et une femme en face l’un de l’autre, il y a un être en commun, qui est une sorte de création de leurs deux êtres, issue de leurs particularités et formant une unité flottante qui n’est qu’à eux.

Etre avec une femme est être autre. Soyez assuré qu’à son tour elle était autre avec Gaston. Certains s’en plaignent. Ils voudraient que l’être-avec-Gaston d’Emma ne soit pas différent de l’être-avec-eux d’Emma. Ils devraient aussi bien demander l’inverse. Ne pourraient-elles au nom de Dieu nous faire la grâce d’être différentes avec chacun d’entre nous ? C’est le cas. Que d’esprits limités ! L’être-d’Emma-avec-Emma étant lui-même changeant, comment auraient-ils cette triste satisfaction d’une Emma standard, d’une sorte de module fabriqué à la chaîne ? La féminité n’est pas une usine à tubes. C’est mieux ainsi. Pour paraphraser Mauriac en d’autres circonstances, moins graves, j’aime tellement ma Dulcinée que je veux qu’il y en ait plusieurs, ainsi aurai-je Dulcinée à moi tout seul. Une Dulcinée. Et ce n’est déjà pas simple, croyez-moi.

 

Ils riaient. Peu importe pourquoi ils riaient, vulgarités, sottises ou finesses, importait qu’ils rient et que ce rire commun, cette association du rire, les assuraient qu’ils aient une conscience, la conscience de rire et d’être – être riant. Le premier homme, s’il avait ri seul au monde, son rire désignant le vide, le néant, l’absence, se moquant du vide, du néant, de l’absence, il serait retourné au néant. Il fallait qu’ils fussent deux, aussitôt, tout de suite mystérieusement, et leur rire se faisant écho de l’un à l’autre fut la société humaine. Ainsi de tout. Le solitaire n’est pas.

 

 

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