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Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie autofiction fiction souvenirs mémoires
Leszek Bujnowski

 

Cet arrêt cette voie de garage

les lumières s’éteignent

un peu de poussière de fer retombe sur les rails la vieille loco a encore les joues chaudes les wagons tremblent sur leurs roues une dernière fois encore éton­nés de la course folle se tai­sent refroidissent Hé bien ? qu’est-ce qui se passe ? qu’est-ce qu’on fout là ? pourquoi ce silence ? cette nuit ?

Un vieux train remisé

avant l’arrivée des grands express de la drague ra­pide Tu couches ? Je couche !

avant le départ en trombe des TGV de la nuit moderne Em­ballée ? C’est pesé !

avant le sourire gêné à l’aube grise et les dos qui se tournent.

 

Avant de réapprendre tout

tout recommencer tout le chemin le voyage le grand voyage les fenêtres qui vibrent la scan­sion des roues la musique les longs arrêts la lenteur le goût de la lenteur.

 

Oh mon amie ! Pourquoi s’être perdus ?

 

La mercerie en liquidation au fond d’une courette est parfaitement ri­dicule. Elle convien­drait à un artisan cordonnier avant-guerre mais au­jourd’hui elle n’attire que les blattes et les huissiers.

De mémoire de concierges successifs, ainsi que je l’apprends, il y a là un cer­tain Roseval, fer­blan­tier qui em­bou­tit naguère des bassi­nes galva­nisées, puis des pres­ses dans le temps ja­dis, un décol­leteur aca­riâtre en 14/18, la pe­tite pro­té­gée d’un beurre œuf fromages dans l’immédiat après-guerre, un collaborateur sous l’Occupation, une com­munauté hippie dans les an­nées 70, récemment un cyber­naute que per­sonne ne voit ja­mais (l’étincelle d’une lampe bleuâtre brille à travers les per­siennes de jour comme de nuit) – et depuis peu une cel­lule monoparen­tale : la mère a cru en une petite bou­tique de couture qu’elle aurait tenue et n’a pas fait à cette oc­ca­sion la preuve du moindre bon sens. Elle doit rôder aujourd’hui avec son en­fant du côté des Restos du cœur.

Le courrier sous la porte vitrée, l’absence de vête­ments aux cintres, la poussière qui arri­ve déjà. Une at­mos­phère de fin de monde. Quel commerçant – au plus secret – ne vou­drait pas que le monde meure avec son com­merce en faillite ? Cette commerçante démoralisée songe aux sables rouges qui fouette­ront la sur­face de la planète morte où la petite bou­tique de mode est abandon­née aux quatre vents, elle songe à cette foule de grains de sable rouge qui erre dans le dé­sarroi – au bas­cule­ment de la pla­nète et de sa boutique dans l’abîme du soleil, dans le vide jaune.

 

Les guirlandes. Aimez les guirlandes. Vous devez aimer les guirlandes – Anonyme.

 

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