1001 Vies (572) : MELIMELO (7)
18
Aujourd’hui, Mélie n’est même pas une forme, tout juste une touche de couleur. Mais elle forme un creux en Mélo, elle est donc aussi une forme. Elle se déplace dans les pensées de Mélo.
Elle informe une femme très rousse et très visiblement mariée qui le croise dans la rue et dit ce que Mélie peut être auprès de son époux, de ses enfants, des autres. Elle bouge. Elle est une minceur qui passe avec ce que Mélo lui prête de nonchalance adorable et de vague ennui, son attention attirée par ci par là, un peu, jamais tout à fait.
Elle est une soudaine douleur si cette attention s’arrête, comme par hasard sur un homme, qui ne peut plus être Mélo, interroge le corps de cet homme, l’estime au jugé (vaste expérience!), le coup d’une nuit ou la passion possible, l’aventure qui aurait pu être (si connaisseuse !), qui aurait dû être! mais son intérêt se détourne puisqu’en somme son mari protège Mélo de ses passions.
Elle est un entretien qu’elle aurait pu tenir avec ce mari, simple et anodin comme la monotonie d’être ensemble depuis toujours, une conversation paresseuse qu’elle poursuit peut-être à ce même instant ailleurs, dans un paysage énigmatique, hostile, aberrant ! l’obligeance de l’époux n’étant au fond que courtoisie de l’habitude, mais pourquoi pas, n’est-ce pas mieux que des propos fiévreux chuchotés à une oreille attentive?
[à suivre]