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Publié par Michel Castanier

[L’image est de Kyle Tompson]

 

12 août

 

La confrontation avec l’idiot démunit. Cela n’a qu’un temps. S’il n’est pas dangereux, notre affection attendrie à la vue de sa fragilité mentale cherche à le protéger contre lui-même.

Il aurait été vain de le raisonner. Il a un grigri. Le propre du grigri est qu’il n’est pas décomposable (en arguments et contre-arguments). Il est un acte de foi inconditionnelle.

Le grigri du jour est le mot de liberté. Si sa « pensée » trahit l’idiot au cours d’un débat, il sort le mot de sa poche-revolver et tire. Autant dire qu’il s’en sert tout le temps et ne sait pas qu’il tire à blanc. 

En aucune façon ne cherchons à lui demander le sens de ce mot. Nous lui ferions mal. Au risque de passer pour idiot à mon tour, je crois que le bon moyen de s’y prendre est d’aimer l’idiot, l’aimer de toutes ses forces, de tout son cœur, l’aimer malgré lui. À bras-le-corps, pour l’étouffer. Ce sera pacifier ce vague égarement, un peu nauséeux, qu’il ressent à chaque fois qu’il sort de sa poche le mot de liberté.

 

Mon père me disait à la fin de sa vie : il n'y a pas de liberté, mon fils, il y a la connaissance, mais elle fait peur.

 

La liberté ? Sans doute être responsable de soi et des autres. Une exigence, donc. Comme la tolérance, si douloureuse. Une dignité.

 

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