1001 Vies (692) : L’Armoire – 6
L’Armoire
6
Vous décrivez un champ de bataille dévasté. Prenez de la hauteur, Aurélie. Montez sur la colline et vous verrez mieux les dégâts dans votre vie. Un fait-divers, c’est toujours les autres.
La grande musique dit le temps. Je ne vois pas trop quelle musique il peut y avoir entre vous et Léon dans ces conditions, sinon la cacophonie des querelles. Le sens du temps est essentiel. Vivre dans la même mesure. Peu importe, je sais que vous ne comprenez même pas de quoi je parle, vous n’avez pas connu cette chance, vous n’avez pas connu mon épouse, moi non plus d’ailleurs.
Un homme incapable de douter qu’on puisse le quitter, comme le prétend ce poux qui vous tient lieu d’époux (je me fais plaisir, j’en ai si peu l’occasion), cet époux est un malade, et de toute façon ne témoigne par là d’aucun amour. L’amour se sent fragile. Épouillez-vous.
Il n’y a pas plus grandes amoureuses que les femmes, si un abruti ne les abîme pas et ne les rend pas violentes parce qu’elles ont été outragées. Léon est ce genre de pathologie, justement. Un abcès dans votre vie. Soyez chirurgicale…
Et non, je ne suis pas amoureux de vous, quelle idée ! je parle de l’usage du mot d’amour, écoutez-moi bien, de son utilité pour les manipulateurs auprès d’une femme sensible, ensuite je vous décrirai ce qu’est l’amour, si nous nous rencontrons, comme vous en avez apparemment le projet charmant, et vous noterez que dans cette description comme dans cette rencontre il ne sera pas question d’amour, justement : il est là, il ne se dit pas, il est attention, il est présence tacite et heureuse. Heureuse !
[à suivre]