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Publié par Michel Castanier

[Delacroix]

 

Tout ce que je sais  

 

Les amants s’écrivaient sans se connaître. Leur correspondance était un brouillon d’amour, le mettre au propre aura redonné sa fraîcheur au monde. Un shampoing, une bonne coupe et la nuque claire.

Le dit d’amour est jouissif. Ils sont bienheureux, tout à eux dans ce Siècle sinistre, drôles et contents l’un de l’autre, ces deux belles existences tournant, absorbées, solitaires, chuchotant, émerveillées dans le tournoiement des planètes et la giration inverse de la mort.

Ce n’est pas d’un intérêt fou, ce qu’ils se disent, mais j’ai du plaisir à raconter l’histoire de mes deux funambules et tellement que j’ai l’espoir que vous ayez du plaisir à la lire. Si peu de chose. Et pourtant il m’est difficile de me tenir dans les mots de l’amante. D’être au plus près du parfum entêtant de ses mots. Noyé dans son inatteignable odeur charnelle. Essence subtile d’arsenic et de narcotique. C’est m’écorcher les nerfs vivre au bord de cet esprit spirituel et tendre.

J’ai du plaisir et si, parfois, je me confonds avec eux c’est l’enthousiasme qui me mène à ce manque de bon sens. J’aurai à payer chèrement ce plaisir. Le diable est toujours de la partie.

Nous passerons bien des échanges qui n’appartiennent qu’à eux. L’action y est infinitésimale. Un lecteur ordinaire ne s’y retrouverait pas. Mais que viendrait faire ici un lecteur ordinaire ? Il est temps de laisser les amants seuls. Ils parlent pour chacun d’entre nous. Ils parlent en nous.

 

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