En cas de tempête ce jardin sera fermé – Génie de l’Évolution – 64

Génie de l’Évolution

C’est lendemain de Fête de la musique au Café Carré, sous mon parasol jaune citron Chez Binet spécialiste de la maison intelligente, c’en est fini du boucan, l’air matinal est tendre, la place devant le monument pacifiée, le citoyen rare, la moindre petite activité fait évènement … Le chien qui passe et repasse en serrant une balle en caoutchouc baveuse dans sa gueule ... Un petit garçon s’obstine à offrir son pain au chocolat à un migrant embarrassé ... Le serveur Ali s’est assis et pianote son plateau ... De temps à autre, des murmures ... Les gens ne veulent rien de particulier, n’aspirent à rien. Ils sont tranquilles, selon le mot favori de la ville.

Bien sûr, l’intranquillité c’est le progrès, l’Humanité en marche, mais est-ce bien nécessaire, le progrès ? N’aurions-nous pas été plus heureux, plus apaisés, à l’entrée de notre caverne, mon épouse et moi, si j’avais eu une épouse, à goûter la douceur de l’air, le passage lent d’un brontosaure dans les fougères ou l’envol charmant des ptérodactyles – et si ces animaux adorables n’étaient pas d’époque, ne nous serions-nous pas amusés à les imaginer ? Certes, l’ami des bêtes que je suis, très échauffé, aurait assez vite tiré Crépon par les cheveux jusqu’au fin fond de notre grotte pour quelque activité déplorable, mais ça, ça c’est l’intranquillité.

Et le progrès, hélas, qui mène l’Humanité par le bout du nez.