En cas de tempête ce jardin sera fermé – Professeur – 86

Professeur

Calé les volets, puis cassé toutes les vitres et tous les miroirs, avec soin, et même, quand ça ne paraissait pas suffire, j’ai réussi à pousser, de toutes mes forces, une lourde armoire pour boucher un couloir qui menait aux toilettes, puis un banc mis debout pour colmater une brèche dans un mur ; une fois j’ai renversé une estrade qui n’avait rien à faire là, pour barrer la salle qui n’avait plus de porte ; je suis montée dans les sommets de l’école basculer les échelles qui permettaient d’entrer depuis les toits par les trappes –, pour redescendre aussitôt par les marches des caves où j’ai précipité des meubles, même les plus gros, avec une force d’énergumène qui m’effrayait.

Bien que j’aie su avoir scellé avec soin tous les volets, même dans les étages, je suis retourné vérifier leur état, tapant du plat de la main contre les panneaux, qui ne cédaient pas ; examinant si chaque loquet était à sa place ; appuyant de tout mon poids contre les portes que j’avais moi-même fermées avec les clés ; repartant pousser sur l'armoire qui obturait l’accès aux toilettes ; puis revenant m’assurer sans cesse, avec une obsession pénible, de la solidité des crochets qui bloquaient les volets.

Ça tenait. J’ai pu commencer la classe.

#La merveilleuse Autobiographie