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Publié par Michel Castanier

 

VI

 

J’ai fait l’estivant et voilà que je suis tout enrhumé. Le mois d’avril ne se prête pas aux excès du comportement. J’avais acheté à petit prix un bermuda à pois rouges et des tongs de plage chez le marchand de bermuda à pois rouges et de tongs de plage à petits prix. C’est une erreur consumériste. J’ai voulu courir sur le sable comme tout le monde et, après quelques foulées pataudes, suis tombé. Seule la marche du Géant écrase négligemment les dunes du Sahara.

Il y a entre la mer et ma baie vitrée un chantier où s’aménage la plage pour les congés payés de l’année. Les gros camions jaunes ont des alarmes stridentes qui préviennent de leur marche arrière le distrait, la rêveuse et le somnambule. Le Bâtiment veut notre bien. Il y a longtemps que je n’avais pas vu d’ouvriers. Ils vivent à reculons.

Il règne dans tant de paisible sécurité – le mois d’avril ne se prêtant pas au rush hors des villes épuisées, la population est réduite – un soupçon de malaise qui gagne avec le crépuscule, c’est connu. Les lampadaires se sont allumés le long de l’allée des palmiers, vide de tout promeneur, et la peur se précise. Il n’y a aucune raison pour que d’heureux privilégiés ne soient l’occasion de l’intérêt et du souci des malintentionnés de toute obédience. Les goélands en sont d’accord, qui pour rien au monde ne se poseraient sur terre. Dorment-ils en vol comme des avions de ligne ? Ont-ils des lits de nuage ? Je n’ai pas assez mérité leur confiance pour qu’ils se livrent. Je suis moi-même assez soupçonneux. Je ne crois au jour que si mon ombre le confirme. Je ne crois à la nuit que si les réverbères s’allument. Je n’aurai aucune raison de croire à ma mort.

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