À l’emporte-vie – Livre roux automnal 2

Livre roux automnal

« Ce chemin buissonnier de la chevalerie pour aller à la femme, n’est-ce pas la civilisation ? » 

J’évoquais avec une douceur heureuse auprès de mon ami Herbert-Herbert de Saint-Méry, n’être plus à présent que pure émotion auprès d’Angéline – ce qui vous vaporise un mâle. Bizarrement, je devais accélérer le pas pour me maintenir à la hauteur de mon ami et m’expliquer.

À la voir depuis le drame du squat – – si savoureuse, une gourmandise – se cacher dans des vêtements trop grands d’où le bout de ses doigts sortait à peine des manches et enfouir sa blondeur ébouriffée sous un bonnet de nain de jardin qui barrait ses sourcils et lui donnait l’air endormie – je me découvrais un tendre respect pour la très chère et enfantine personne alors qu’elle ne souhaitait pas particulièrement être respectée, disait-elle, furieuse, là n’était pas la question, nous n’étions pas au restaurant.

Herbert-Herbert hochait la tête depuis trop longtemps, il ne devait plus m’écouter.

…

Il arriva alors qu’au cours d’une bagarre avec des Algériens qui croyaient bon de pisser sur les bacs d’eucalyptus de la patronne d’un bar ami près de la Seine,

Chez Callipyge,

ayant eu le tort de protester au passage,

je voyais le désarroi des souliers de Herbert-Herbert

agités en tous sens à mes côtés

« Qu’est-ce que je dois faire ? Bon Dieu, qu’est-ce que je dois faire, Jeannot ? »

alors qu’allongé de tout mon long sous les coups de pied,

je me protégeais comme je pouvais

et finissais par fuir à quatre pattes 

pour me redresser noblement,

me massant les côtes sur le pont Neuf,

empaqueté par Christo,

où je riais aux éclats

tandis que Herbert-Herbert me regardait du coin de l’œil avec amertume.

 « Oh toi ! Tu as toujours la distance de l’écriture ! »

J’en étais flatté, je ne savais pas qu’il m’eût observé de si près ; en général, nos amis nous tiennent très tôt pour acquis. Nous marchions de plus en plus vite – à se demander si l’un ne fuyait pas l’autre.

…

[à suivre]