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Publié par Michel Castanier

 

Avec l’Absence une trace de doigt sale profane la concep­tion imma­cu­lée puisque nous ne sommes plus nourris au foyer d’une chaleur partagée. L’Al­liance d’une in­timité avait donné du sang, du sens et donc de la va­leur aux mots de tous les jours. Ils ampli­fiaient la présence du jour. L’in­constance de la mé­moire ajoute à une sen­sa­tion d’irréa­lité grandissante, extrê­me­ment pénible puisque rien n’a paru plus vrai, plus intense que l’en­tente et la mi­séricorde des mots gentils et des caresses. Si vrai­ment rien n’a eu lieu, il est temps, il est néces­saire de se dé­gager de ce qui n’est plus que l’inconfort douloureux d’une fausse po­si­tion, re­donner à circuler au sang dans nos veines, passer le cap des four­mis au cœur, souffler dans le songe-creux qu’est le Ro­seau pen­sant pour le rendre à sa petite musique éperdue, la mé­lodie fluette de tous les roseaux du monde appe­lant en chœur à l'amour dans les soleils couchants...

 

Le Gardien des portes

 

–  Mais où allez-vous ? 

Le profil d’Aurélie oscille contre le front de mer alors que je cours près d’elle en lut­tant contre mon boitillement.

– Nous reverrons-nous ? 

Aurélie semble affolée, elle tient son sac bourré de courses du Casino à pleins bras contre sa poitrine, et sa bouche qu’elle a gardée fermée sur le journal sportif de son mari postil­lonne et mar­monne indis­tinctement. – Elle ne doute pas d’avoir eu l’air un peu idiote, ce qui lui donne les larmes aux yeux, mais peu à peu, malgré l’im­pres­sion fâ­cheuse, je pardonne tout de même à la silhouette vive, fluide, qui se perd en courant vers les lumières d’une villa pavillon­naire où elle se confond dans une ombre immense sortie sur le seuil.

 

[à suivre]

 

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