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Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie autofiction fiction humour
John Brosio

 

J’ai trouvé une enfant à Paris. Une petite Allemande. Comme c’était étrange ! Cette occupation tendre, maligne et douce. Elle m’était bien utile : je voyais à travers ses yeux. Je pouvais enfin faire le poète.

Je serai père – mon faux vrai père, comme dira l’enfant, mon bébé de bande dessinée.

Je m’enchante d’être Joseph, je suis l’âne, bien­heu­reux, ruminant les menues aventures de ma toute petite amie Sara,

elle qui est la jolie mule de Saint Ignace donne un sens à ma vie,

elle pour qui je me répète je ne sais combien de fois Joyeux Anniversaire en allemand et pourquoi pas et qu’ai-je de mieux à faire je crois même l’avoir marmonné d’un air idiot dans la rue,

puis devant le seuil

et bien sûr j’ai bafouillé

sorte d’absurde fiancé godiche

et la petite n’a pas paru particulièrement émerveillée

non pas du tout mais alors pas du tout.

 

Nous discutions souvent avec le perroquet qui miaule chez Babouche – l’Algérien à l’air colère sous les va­rans immobiles parmi la vigne vierge qui s’empoussière aux murs,

tu quittais le bistrot en miau­lant, ma subtile Sara,

je marchais der­rière toi, les mains dans le dos, sou­ple, toujours souple,

tu suçais une glace au citron vert,

je pianotais lon­guement le sommet de ton crâne,

Sara, ma vraie fausse petite fille, je t’apprenais comme les fourmis se guident au trajet des étoiles, et tu n’en étais pas épatée, toi qui te guidais comme moi aux ri­res de ta mère,

ma Sara, mon enfant qui n’est pas mon enfant.

 

Venue du dieu sous forme humaine : rôle du geste juste, sens de la parole exacte, ce sens qui nous sauve de la confusion du monde et de son horreur.

Traversées.

 

 

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