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Publié par Michel Castanier

Chronique du rat (4)Si votre rat a des problèmes d’inspiration (supplément)

Votre rat est désespéré, sa vie est foutue, il ne sera jamais le plus grand écrivain du monde, il étouffe dans cette société ingrate. Evitez le bouche à bouche. Vous l’aimez suffisamment comme ça. Agissez.

Faites une inhalation à votre rat.

1 Il vous en aura de la gratitude sans bien savoir pourquoi.

2 Sortez de chez vous. Rentrez. Entretemps, vous avez acheté une petite cage.

3 Coloriez la petite cage si vous avez une boîte de gouaches. De la couleur que vous aimez (le jaune est plutôt pour les ralentis). Si vous n’avez pas de gouaches, sortez, rentrez.

4 Placez votre rat dans la petite cage coloriée avec amour.

5 Portez à ébullition 99 centilitres d’eau d’Evian. Ajoutez du thym et du laurier si ça vous fait plaisir. Evitez l’eau de Seltz. Surtout pas d’alcool. Le rat est déjà assez ivre de lui-même.

7 Versez l’eau bouillante dans un bol et placez la cage au-dessus du bol. Faites un nœud à la queue de votre rat, non pour éviter qu’il se la morde, c’est sa spécialité, mais plutôt pour qu’il ne la trempe dans l’eau au cours d’un moment d’égarement de tous les sens. De fait, comment écrire si on n’a pas vécu n’importe quoi ?

8 Couvrez le bol, la cage et le rat avec un jupon, un niqab, votre couette – imprégnés de la sueur de votre épouse. Pourquoi la sueur de votre épouse, personne ne sait, surtout pas votre épouse, c’est essentiel.

Vous avez donc créé un caisson d’inspiration. Le grand auteur, c’est vous, personne d’autre que vous.

9 Laissez votre rat méditer le temps que vous ayez autre chose à faire dans la vie.

10 Surveillez parfois. Il n’y a pas de fréquence idéale. S’il s’agite (il roule des yeux d’un air du plus haut comique) c’est qu’il encore vivant. Remettez ce comique au boulot.

11 S’il ne respire plus, c’est qu’il n’était pas un si bon écrivain qu’il le croyait.

12 Sortez, jetez, rentrez.

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