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Publié par Michel Castanier

La Vie au bureau : vie de Cornélius, l’Homme d’en bas

Il y a un coup sec, suivi d’autres coups sous terre (ils ne sont pas vraiment per­cep­tibles mais la pelouse dans le patio des bureaux remue par endroits), inéga­le­ment espa­cés, hésitants, comme le tâtonne­ment d’une canne d’aveugle. Quelque chose cherche à sortir.

Un long visage blême apparaît au ras du sol, sous les plates-bandes du réséda.

L’incomparable Cornélius, l’Homme d'en bas, ayant en­fin trouvé une issue, surgit de terre, les yeux à peine pig­men­tés à cause de ses nombreux séjours souterrains.

Donnons une idée succincte de cet ami du noyau cen­tral.

Les employés de bureau – soucieux d’accomplir de grandes perfor­mances spirituelles – ont toujours ajouté à la com­plexité rê­veuse de leur métier un certain goût de l’extrême. Cornélius n’exerce ses propres talents qu’en dessous du niveau du sol : reculant les limites de sa vo­lonté de puissance, il propage ses sombres méditations parmi les rumeurs de la terre.

Enfin, à l’heure où l’entreprise ferme ses portes, l’Homme d’en bas dégage ses épaules du patio et salue les étoiles en ôtant le béret de glèbe qu’il a sur le crâne : ces longs séjours en apnée dans les en­trailles tièdes de la terre ont délavé les yeux de Cornélius – si souvent fermés – comme s’ils étaient pas­sés à l’eau de Javel. Satisfait du devoir accompli, il se re­tire dans sa petite maison où l’attend sa maman avec, comme à l’accoutumée, une bonne soupe aux pissenlits.

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