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Publié par Michel Castanier

comédie sentimentale
Mondrian

 

                                          Rodolphe a des ennuis

 

                                                                     1

 

Au début de l’été, nous étions au Service dit « Espace de méditation » de notre entreprise, dont la terrasse donne sur le court de tennis de la direction, quand Rodolphe nous fit une crise historique.

L’éternel voyou ! dit-il soudain. Ne sait-elle pas que les voyous sont des lâches qui vivent chez leur mère ?

Et voici qu’il s’agite et fait des bonds sur place en se te­nant l'en­trejambe !

Ne sait-elle pas qu'il passent leur temps à sauter de­vant leur miroir pour s'allonger la queue ? hurle-t-il.

On le considérait dans un silence circonspect. Il consent à se ressaisir, bre­douillant, in­quiet, mal­heu­reux. Posté devant la verrière, les mains crispées dans le dos, il nous apprit avec lassitude qu’on ne pose jamais les vraies questions, ou qu’à soi-même et bien trop tard. Certai­nes intuitions, si malencontreuses, réveillaient de nouvelles perspectives, irraisonnables, insidieuse préparation du diable. La nature exacte des relations de sa secrétaire avec le nouveau dépanneur de la clim’ le plaçaient dans d’affreux doutes ainsi que (ses épaules parurent rétrécir dans le crainte d’un coup) d’irréparables interprétations.

Mais il n’y a personne pour y répondre. Surtout pas Fanny.

Rodolphe détourna les yeux des surfaces de brique pilée fine et rouge où des secrétaires de direction illumi­nées de soleil évoluaient devant l’ombre des pinèdes. Il conclut, après un soupir, n’être qu’un joueur de tennis qui tournerait perpétuellement autour du court pour se renvoyer la balle.

La nausée le retourna comme si chacune de ces journées sans fin de l’été au bureau n’était qu’un long doigt de gant sensuel et noir.

J’aurais dû me rendre aussi indispensable que sa brosse à dents !

 

[à suivre]

 

 

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