Autoportraits (288) – On ne tutoie pas un verre de Bordeaux : La grande Affaire
La grande Affaire
Faire l’amour est singulier. L’acte le plus naturel l’est le moins. Il étonne et peut même effrayer. Tant d’intimité soudaine se justifie mal – alors que la conversation entre deux êtres convenables, bien mis, rationnels, avait été sérieuse, posée, profonde même, en tout cas nuancée, l’entretien de bon ton, la politesse exquise, raccompagner la dame étant la moindre des choses par ces temps si peu sûrs.
Et les voici, dès le couloir, perdant tout bon sens, sembler se chercher des poux sous leurs vêtements. Voici le monsieur, montant l’escalier, éperdu de bonheur et d’admiration devant la singularité de ce qui est le plus commun au monde : le beau postérieur de la dame. Les voici, jetés sur le premier lit ou tapis venu, sangloter de joie devant – ne les suivons pas plus loin. Où irait-on, dans quels jardins de l’enfance se situe un comportement aussi peu sain, si peu équilibré, nul ne sait, surtout pas le monsieur et la dame.