Autoportraits (314) – Lilith
La famille Alzheimer
Vigneron vit difficilement. Il a parfois des réveils où se sentir longtemps égaré. Les mots n’évoquent rien, ils sont mats et ternes. C’est peu à peu qu’ils s’enrichissent d’échos et que se reconstitue ce qu’il se prête d’identité. Est-ce la vie à venir ? La dispersion gagnera sur le jour jusqu’à la Nuit où le jour ne sera plus qu’un mauvais rêve tristement comique ou comiquement triste, on hésite.
Quelqu’un a dit à un passant Ça va ? puis une boulangère a remarqué qu’« oncle Alzheimer, il engueule tout le monde » et l’autre boulangère (elles étaient coude à coude derrière le comptoir) a remarqué que « tante Alzheimer, elle rit tout le temps ». C’est ainsi, grâce à la corde à nœud de la société et de l’antéposition, dont chacun de ces êtres affables étaient les nœuds, que Vigneron s’est retrouvé dans une matinée de confusion remonter à la surface. Se retrouver est le mot – pour un temps.