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Publié par Michel Castanier

satire comédie littérature autobiographie autofiction portrait fragment sotie pamphlet
[Auteur de l’image non identifié]

 

Lilith

 

La blonde directrice de l’Agence matrimoniale Mathurin est tapie derrière un sou­rire fin : un foyer de bienveillance. Le dos voûté, ra­cornie, minuscule, la dame af­fleure comme une ombre sa toile. Imagi­nez comme il bour­donne dans un coin du Jardin, le gros bour­don pataud : le futur – et tout à coup vi­brionne éperdu­ment, les pattes prises, effaré. L’émoi de la toile donne un peu de vie à l’insecte jaune. Son sourire s’élargit. Son sou­rire ac­court. Son sou­rire croque cru le bour­don bavard em­mailloté dans les soies pourries de sa sollici­tude. La toile vibre et danse. Un peu de plai­sir en­fin.

 

 

La famille Alzheimer

 

Vigneron vit difficilement. Il a parfois des réveils où se sen­tir long­temps égaré. Les mots n’évoquent rien, ils sont mats et ternes. C’est peu à peu qu’ils s’enrichissent d’échos et que se re­constitue ce qu’il se prête d’identité. Est-ce la vie à venir ? La dispersion ga­gnera sur le jour jusqu’à la Nuit où le jour ne sera plus qu’un mauvais rêve tristement comique ou comique­ment triste, on hé­site.

Quelqu’un a dit à un passant Ça va ? puis une boulan­gère a remarqué qu’« oncle Alzheimer, il engueule tout le monde » et l’autre boulangère (elles étaient coude à coude der­rière le comp­toir) a remarqué que « tante Alz­heimer, elle rit tout le temps ». C’est ainsi, grâce à la corde à nœud de la socié­té et de l’antéposition, dont chacun de ces êtres affables étaient les nœuds, que Vigneron s’est retrou­vé dans une matinée de confu­sion remonter à la sur­face. Se retrouver est le mot – pour un temps.

 

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