1001 Vies (576) : MELIMELO (11)
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L’étonnement d’être qui est procuré merveilleusement dans l’être amoureux est la crête de cet infime mascaret qu’est le Je : des contours amoureux nous confir-ment mutuellement qu’on est – sans quoi n’être que flottements d’idées, embâcle d’émotions et débâcle d’humeurs qui ne nous disent rien de nous sans doute parce qu’il n’y a rien à dire de nous.
Cela n’a qu’un temps.
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Mélie a occupé une grande place dans la vie de Mélo : elle a fait partie de sa personne. Elle lui a donné l’impression qu’il était une personne. Une cohérence psychique avec Cause, conséquences et fin. Ce qui est rare.
En somme, l’être en personne lui était donnée par elle. Il a vécu quelque temps à crédit. Il l’en remercie beaucoup. Ce qu’on appelle l’amour – et c’est si vague – donne au vague de la conscience la sensation d’être mieux qu’une illusion. Une inconnue vous dessine un certain contour sans en avoir plus que vous. Dès lors, tout est inconnu, tout est reconnu.
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Par toutes les rues petits visages sévères, anxieux. Tant de visages abîmés par toutes les vulgarités, tordus dans des étaux. Où est la mie tendre de leur âme ? Comment briser ces croûtes ?
Par un système d’excentriques actionné à la vapeur assurons les bascules de l’Apocalypse pour la joie des petits et des grands.
Il y aura une zone de silence dans ce tourbillon affreux, l’œil du typhon s’ouvrira.
Un jardin.
Un jardin bien entretenu qui se révèle peu à peu, naturellement, où Mélo se tient avec une néandertalienne morose à papoter sous un toit de végétation dans un cloître endormi.
[à suivre]