1001 Vies (620) : La Tour de Babil – 25

[l’image est de Lucia Giacani]

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Ce jour-là, dans les derniers jours de mon exubérante, j’étais effondré, le nez dans mon oreiller au point de m’étouf­fer, quand une main a caressé ma joue.

Elle – Qu’est-ce que c’est, ce gros chagrin ?

Je secouai la tête pour m’échapper.

Elle – Dis-moi, n’aie pas peur...

Moi – Il y a à peine de mouvements dans mes Mille et Une Vies, tu com­prends ça ? Et c’est d’un cuistre ! d’un fumeux !

Je séchai mes larmes, cherchai une épaule où reposer mon front et n’en trouvai pas.

Moi – Tu imagines ? Seuls les tours et détours de l’équivocité ! C’est ce que Gamel m’a dit. Gamel m’a parlé d’un manque de nécessité interne qui limite mon art, la vie de mes personnages ne m’important pas plus que la vie de mes proches.

Elle – Qui est Gamel ?

Moi – Un con.

Elle – Pas tant que ça.

Moi – Quoi encore ?

Le silence me fit l’effet du souffle retenu dans les gradins olympiques avant la prise d’élan du sauteur à la perche.

Elle – Tu es trop seul !

☆

Je me doutais de ce qu’une institutrice, de plus célibataire, al­lait me dire du traitement de la solitude, et je baissais d’avance la tête sous le poids des reproches de l’Espèce.

Elle –Tu n’as même pas d’enfant.

Moi – Ajou­ter de la pous­sière à la poussière ! Il n’y a pas pire solitude que d’avoir des enfants. Je n’ai aucun esprit de sacrifice !

Elle – Si une femme  vient chez toi, elle sait d’instinct qu’elle n’y vivra pas, crois-moi, la folie est femme, mais la folie en dé­rapage contrôlé, elle sait qu’il lui fau­dra t’extraire de ta biblio­thèque comme un escargot de sa coquille. Ce ne sont pas des fourchettes à deux dents. Elles n’es­saient plus…  

Moi – Les amours meurent.

Je me retournai dans mon lit. J’y étais seul. Mon excentrique s’était postée devant une fenêtre, les mains dans le dos, et regar­dait le ciel – sans doute les nuages au ciel.

Elle – Les amours meurent ?

Récupérer à son compte un mot est prendre la situation en main.

Elle – Qui est Lili ?

[à suivre]