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Publié par Michel Castanier

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[Auteur de l’image non identifié]

 

 

40

 

Du temps passe et avec le temps, l’étonnement passant, j’ai tout de même l’impression d’avoir pour compagnie un courant d’air.

Il est vrai qu’à cette époque je vis la Crise du chip qui me tient dans une grand confusion et qui n’est pas sans cause dans l’exis­tence improbable de ma timbrée.

J’y réfléchissais sombrement au Bar des Beaux-Arts.

Je crains de l’avoir déjà dit je ne sais où, mais n’importe, re­pre­nons : que serait la so­nate sans la ré­exposition du thème, c’est à se de­mander ? Un chaos inconsé­quent, sans doute. Un dé­sordre ex­po­nentiel. Ce à quoi s’ar­rime notre personnalité comme à une ancre dans une douce dérive de gondole heurtant le mur d’un quai vénitien, ce sont nos ré­pétitions, nos dou­loureuses ob­sessions, nos leurres chéris, nos chimères, nos ma­nies, nos tics, nos amours.

Chaque partie ou élément du Moi ti­rant à hue et à dia dans ses souvenirs comme dans ses volontés, comment ne pas être victime d’une méconnais­sance de soi originelle (tomber dans son rêve en nais­sant), mais en somme, que faire d’autre que de continuer ? Même ce craque­ment de chip dans la bouche d’un client du bis­trot en face de moi ne me démen­t pas. Je l’ai voulu, l’air idiot de cet homme broyant sa chip dans le reflet du miroir mural, je l’ai inventé, mon esprit sardonique en a fait le contre­point sonore d’une affirmation de soi sereine.

Sereine ? Pas si sûr. Trop sereine. Je me nettoie le bout des doigts de l’huile salée. La facilité avec laquelle j’ai accueilli dans ma bibliothèque une institutrice en délire (même cette institutrice-là) n’est pas des plus saines. Ai-je la conscience littéralement divisée par trop d’acharne­ment à tra­vailler ? Concrètement fragmentée ?

 

 

À moins que mon institutrice, posée sur un nuage, n’existe seule – centre et circonférence du monde – et qu’elle n’imagine pour sa distraction la chip, les pensées en désordre de l’homme reflété et les consé­quences catastrophiques du goût des ré­dactions françaises – textes libres, disait-on – que m’avait donné autrefois son enseignement ? 

Madame Philomène se glissa sur la banquette auprès de moi.

Elle – Ton problème est que tu prends la littérature trop au sérieux. Elle t’a débordé. Depuis ton enfance et ton amie Lili, tes proches et même ton mobilier ont tous des noms de person­nage que tu leur attribues, les événe­ments de ta vie sont des évène­ments littéraires et ceux des autres aussi, à t’en croire, ce qui ne manque pas d’être indiscret.

Moi – La vie est littérature.

Elle – Si je te donne un coup de pied au cul, écrivain de mal­heur, ce sera encore de la lit­térature ?

Moi – Bien sûr.

Elle – Ton petit guignol n’intéresse personne.

Moi – Chacun y est intéressé, qu’il le veuille ou pas : j’ex­plique à Dieu mon point de vue sur le monde qu’il a créé.

Elle – Et bien sûr tu parles à Dieu ?

Moi – C’est la seule adresse convenable.

 

[à suivre]

 

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