1001 Vies (641) : Bricolages – 2
Quelle épouvantable invention de l’Évolution que l’espèce humaine, cet essaim où chacun n’existe que par les autres et où l’Essentiel est logé dans une coque hermétique de solitude silencieuse.
L’activité des petites bêtes laborieuses crée une poussée aveugle. Le réacteur nous fera atteindre les étoiles où les dieux se nourriront du miel de nos souffrances.
Peut-on penser tout seul ? Evidemment pas. Mais échapper un peu à l’emprise économique et sociale est à notre portée par de permanents (et allégeant) bonds de côté : n’être jamais là où même nous-mêmes nous attendions.
Pour ce qui est d’écrire, le mode fragmentaire en est un mode d’appréhension. Nous en dirons plus ailleurs, autrement, si nous avons le temps.
Il suffit d’être pour se croire anticonformiste. Or ce n’est pas donné.
Se garder d’être trop obstinément provocateur ou contradictoire, ce serait se piéger, retourner sa veste, mais la même veste. Plutôt changer de veste. Ou plutôt aller nu.
J’ai appris à ne pas penser droit. Ce fut long, hasardeux – un comportement de lapin dans la visée du chasseur : une certaine déraison en dérapage contrôlé.
Décrocher. Se rabattre.
Un écart par ci par là. Une escapade.
Le petit air inconséquent secrètement justifié.
Aucun leurre.
Cette jeune génération m’ennuie mortellement, c’est le mot. Par bonheur j’ai remarqué des exceptions en équilibre, heureux espoirs qui sèmeront de jonquilles ma tombe. Que mon sommeil soit orifié !