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Publié par Michel Castanier

 

 

Gwendolyne est morte

 

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Gwendolyne est morte.

J’ai longtemps hésité avant de la tuer. Je ne suis pas un homme violent : la brutalité ne satisfait rien en moi. D’où – et je ne vois pas d’autre explication – mon grand intérêt pour les criminels.

J’ai long­temps cru que l’imbécillité était la cause de leur acte, il y a tant de façons de ne pas tuer une épouse, un ami, un enfant, dès lors commettre un meurtre est s’obstiner à passer par un trou de souris alors qu’on est un Géant de conte de fées.

L’idiotie n’explique pas tout.

À bien analyser ma documentation je me suis per­suadé que certains ne savaient pas la seconde auparavant qu’ils allaient tuer, même de la plus compliquée des façons.

Certes, des circonstances fâcheuses s’y prêtent, comme d’être interrompu dans un cambriolage, mais rien n’empêche, après un petit salut, de repasser la porte de l'appartement et de s’en aller en sifflotant, les mains dans les poches.

Le « passage à l’acte » – cet instant blanc, en quelque sorte (ou une sincérité sou­daine ?) – est chez ces gens un tour de prestidigita­tion par lequel, si Géants qu’ils soient, ils passent par le dit trou de souris – et se retrouvent de l’autre côté.

Ils l’ont fait mais ne savent pas comment ils ont fait, ainsi que ces magiciens qui finissent dans leur chapeau claque à la place du lapin blanc, ce pourquoi les plus intellec­tuels d’entre les criminels vont recom­mencer et recom­mencer et recom­mencer – sans jamais com­prendre comment ils ont fait, jusqu’à ce que la police le leur explique.

 

[à suivre]

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