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Notre trésor
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Notre trésor
En général, je m’évertue à ignorer les bêtises à la mode – et il en faut de la vertu, de la romaine. Mais tout de même, tout de même… Sans habiter un château-fort gascon d’où voir venir les invasions barbares, mais plutôt une modeste location dans un quartier insensible de ma ville natale, je perçois à l’horizon quelques fumées, ébranlements de l’air et mottes de gazon à la française exploser sous les boulets.
La langue n’est pas que jeux de mots et mots croisés. La défense de notre langue dans ses conventions rationnelles comme dans l’esprit de la lettre est une priorité à l’avant-poste de nos valeurs nationales et républicaines. La légèreté, l’harmonie, la Raison de notre langue nous défendent contre l’opacité de l’obscurantisme religieux, contre le désordre exponentiel d’un certain progressisme, contre la robotisation commerciale des individus se ruant dans les magasins les jours de solde.
La langue française est un champ de bataille. Des alliances singulières voient objectivement le jour. L’égalitarisme le plus échevelé conforte l’arriération culturelle la plus nécrosée. Des ennemis de l’intérieur montent au front du vocabulaire sur les barges de la cinquième colonne américaine : le langage machinal du Marché. L’art se perd et la sainte pureté du bon goût entre dans un coma prolongé le long des plages occupées de « la tant désirée France » (Du Bellay).
Je m’emporte ? Je m’emporte !
Si vous considérez que tout est politique (la personne, les relations amoureuses ou sexuelles, les statues, la couleur de la peau, le langage, l’amour) vous demeurez calés dans l’empreinte vide du communisme comme dans une tombe.
Le reste est blablabla.