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Publié par Michel Castanier

 

Brouhaha

 

Et voici nos petites sorcières et leurs entretiens de grillons au comptoir des Halles, jamais en peine d’une observation sagace et caustique et cruelle, si joyeuses dans leur allègre méchanceté, si intelligentes, intarissablement hilares au sujet des petites sottises de leurs hommes, vilaines très vilaines langues de pute et jolies langues sucrées, si futiles et si profondes, marrantes et mélancoliques, rigolotes et solitaires.

 

 

La Fiancée du navigateur solitaire

 

Moi, qui jusqu’alors étais atteint d’une grave mélancolie, je me réjouis enfin. Je songe à ce qu’auraient été de pareilles journées il y a peu, j’y songe avec satisfaction. Je vais mieux : le souvenir de mes amours a longtemps tiré mon énergie en arrière, l’a rendue labyrinthique, et dévitalisée, il n’en reste qu’un papillonnement de douleurs, des picotements, des plaques de démangeaisons, un grattement sporadique : ils n’ont pourtant plus lieu d’être, puisqu’il est impossible d’avoir été aussi seul, ni plus longtemps que je l’ai été.

Cependant, il arrive que des associations d’idées pénibles continuent malgré moi, avec une sorte d’autonomie, à me retenir dans leur réseau étrange, leur filet de glu, leurs toiles d’araignée collantes, des heures durant au fil du remuement et des borborygmes de l’eau dans la petite fontaine de l’hôpital où nous trempons la pointe de nos souliers, ma nostalgie et moi, quoique je me sois félicité d’un récent développement : si je ramène à nous, pour l’examiner, une de ces pensées qui nous ont tant fait souffrir dans les jours qui précédaient, nous n’en ressentons rien. N’est-ce pas un progrès extraordinaire ? Décidément nous ne sommes plus si malheureux que nous aurions dû l’être.

 

 

[à suivre]

 

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