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Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie
Teun Hocks

 

Encore encore encore. Je ne sais pas si vous regardez la TV, probablement pas puisque vous me lisez, l’essentiel du flux est composé de publicités hilares et d’agressions physiques. Entre deux bavardages. Difficile d’y échapper, zappez et vous irez du spectacle d’éventrements croquignolets en exaltations du tampon pour petite fuite. De même, littérairement parlant, si je puis dire, la plupart des romans policiers de par le monde décrivent minutieusement des scènes de sadisme qui laissent pantelants nos amis voyeurs. Il est régulièrement prêté à cet heureux élu – le serial-killer – une intelligence hors norme (le propre du diable, forcément, Dieu étant sans doute un débile léger). S’il était si intelligent, ce garçon resterait à la maison avec sa maman et le petit chien. Qu’en conclure des secrètes méditations de nos frères humains pendant que nous œuvrons à nos activités ordinaires ? Je vous laisse faire.

Pour ma part, n’ayant pas la moindre personnalité et voulant faire comme tout le monde, je peine actuellement à me mettre dans la tête (ou la peau ?) d’un tueur en série de dames. Or les scènes d’action m’ont toujours ennuyé. Je les accélère en streaming ou en CD (bagarres de saloon, mitraillades générales, courses-poursuites, activités sexuelles diverses) et il ne reste plus grand-chose de substantiel. Autant regarder du Tarkovski. Écrire avec un minimum de comment dire ? de bonne volonté ? comment dépecer en fines lames une femme qui ne m’a rien fait me désoriente.

J’ai trouvé la parade. L’agressivité sera dans la forme, donc dans le sarcasme. Le Méchant s’exprimant comme on mord une côtelette. Rien plus violent que le sarcasme, si on veut bien y réfléchir. L’absence d’indulgence du Sarcastique est une des pires violences qui soient faites à la femme. Je ne vois pas mieux. Elle ne s’en remet pas. L’ironie la renverse cul par-dessus tête. Elle n’a pas l’habitude. Le reste est petites névroses souffreteuses.

Ainsi volant sur les ailes de la raillerie et de la mauvaise foi je viens d’assassiner une bonne douzaine de créatures sans qu’elles s’en rendent compte le moins du monde. « L’Assassin sentimental » – œuvre pertinente – aura, n’en doutons pas, un franc succès auprès des hommes sensibles.

 

Ce qu’il n’y a pas dans le « roman de genre » (qui est en somme une suite d’informations) c’est une implication de l’auteur. Il est à son établi où sont ses outils dont il a un usage expérimenté. C’est un bon ouvrier, un fabricant. Ce n’est pas un écrivain.

Je crois percevoir qu’on se déplace intérieurement par rapport à l’œuvre vraie qui elle-même bouge – sorte de petits pas de côté respectifs entre l’auteur (le lecteur) et le récit qui changent les perspectives en cours d’écriture (de lecture) comme chez deux amants au cours de leur vie d’amants.

Ainsi l’amour, en effet : pas de deux pour ne faire qu’un.

Et faux pas.

Puis pas de côté.

 

Un peu (pourquoi un peu ?) comme la nature produit des cas de mutation qui ne sont généralement qu’à demi-viables ou pas du tout (l’espèce humaine), mais que des circonstances favorables amènent à se propager à grande vitesse et devenir la normalité dominante, la société crée une infinité de types de réponses (qualitatives) aux conditions historiques, dont la plupart demeurent sous le boisseau, stériles, quand quelques-unes s’éveillent et propagent les effets de leur excellence : le politique providentiel, l’artiste charnière. Moi.

 

Je n’aime pas les littératures hautaines (Morand, Montherlant, Sollers). Elles ravivent en moi le vieux goût de la lutte des classes. Il y manque la bonté universelle de Don Quichotte.

 

 

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