Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Michel Castanier

La merveilleuse Autobiographie autofiction mémoire humour
Jacek Yerka

 

Nous ne sommes que dispersions d’affects. C’est sans doute une richesse si nous n’attendons pas de ce pollen la moindre vé­rité soutenue. Surfer sur le rouleau d’une passion et retomber en écume gracieusement est l’idéal. Les principes sont l’expression du corps social d’une époque, ne les soutenons que d’une foi modérée. La pensée est la manifestation d’une idiosyncrasie – idée fixe qui peut être douloureuse chez les fous ou délicate monomanie chez les bienheureux. Ce qui est pris pour un nexus complexe et cohérent – un système de pensées – est un symp­tôme qui s’est scarifié ou a métastasé dans une sorte d’indépendance de la vie, une surabondance de cette vie qui ne tient aucun compte du porteur sain ou pas. Nous n’avons au­cune autonomie. Nous n’avons que l’unité du corps. Peut-être, à discuter. Et de toute façon unité provisoire vouée à la dessicca­tion pour d’autres œuvres insensées de la Nature.

 

Courrier du cœur. Chère madame, vous en appelez à mes conseils. Ils ne peuvent être que circonspects extrêmement. À mon expérience ! Elle est douloureuse. La vie m’a beaucoup appris. Elle m’a surtout appris qu’il vaut mieux ne pas sortir de chez soi, mon petit oiseau des îles. Votre mariage bat de l’aile, ainsi que vous le dites de façon si poétique. Votre cher cœur est froissé. Vos sentiments meurtris, mon canari endolori. Vous souhaitez prendre un amant pour ranimer la vie du foyer ? Er­reur dramatique ! Un amant ne serait assez vite qu’un mari sup­plémentaire, avec ceci qu’il ne ramène pas d’argent à la maison. Un ennui de plus, ce colocataire de votre cœur avec Hubert, votre époux. Et qui sait si votre mari et votre amant venant à se rencontrer ne feront pas bon ménage – sans vous ? Vous ne vous suffisez pas ? On ne se suffit jamais. La preuve : vous êtes mariée, vous êtes deux en un, c’est deux de trop. Songez ins­tamment, mon colibri souffreteux, à voler de vos propres ailes. Le bonheur est le plus infidèle des amants, la joie n’est que ruse et diversion, ne comptons même pas sur un peu de rires et d'oubli de soi. Optez pour le malheur, ce trampoline de la bonne humeur. Nous lui revenons toujours, ma chère petite parcelle de conscience. Le bonheur n’est qu’absence de douleur.

 

Elle est si féminine. Elle en fait trop, on ne la croit pas. On va la soupçonner d’être un homme. On la croira folle. C’est qu’elle se rêve. Elle croit en l’existence de la Femme.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article