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Publié par Michel Castanier

Michael Sowa

 

10

 

La Lointaine

 

 

Il l’a crue ! Le malheureux, le Grand Ecrivain Local, le GEL il l’a crue ! Elle aimerait son mari ! Elle ne le quittera pas ! Il l’a prise à la lettre, il n’a pris que la lettre, il n’a vu que la lettre, il n’a pas vu l’esprit. Il la laisse se perdre dans cette phrase malheureuse, y insister, y bor­ner sa vie.

Il n’y a donc eu que des phrases entre eux ? de pauvres phrases malhabiles ?

 

Aujourd’hui.

 

ELLE – Juste en deux mots:

Oui, je cherche à fuir parce que je ne suis pas émotion­nelle­ment apte à vivre une situation aussi compliquée.

Ce tiraillement est absolument insupportable. Cela me rend cruelle et me dé­stabilise à un point que tu ne peux pas imaginer. Je ne veux pas vivre ça. C'est trop difficile.

Alors oui, sans doute ne suis-je pas assez courageuse, pas à la hauteur, déce­vante. Mais je t'assure que cette situation ne me plait pas du tout. 

Je dois choisir. 

Ne me fais pas de chantage au suicide, s'il te plait. 

Je te demande pardon pour le mal que je t'ai fait. Sincè­re­ment.

LUI – Tu imagines Rodolphe s’empoisonner à l’arsenic ou se jeter sous un train russe ? Re­vois tes clas­siques ! Ton clas­sique ! C’est Emma qui se suicide à l’arsenic ! Et que fais-tu d’autre en choisissant la triste petite mort conjugale ?

Il me faut du temps pour encaisser comme un boxeur sous tes coups bas.

Je continuerai plus tard, il me faut réfléchir à ce que tu m'écris, réfléchir avec toute l'exacti­tude que tu mérites.

Mais Dieu que c'est dur !

ELLE – Tu me trouveras sans doute égoïste mais je dois me protéger, protéger mes filles. Je ne suis pas capable de vivre ça. Mon erreur a été de croire que je le pouvais, te donnant par là des espoirs qui sont cruellement déçus.

Je comprends ta déception et ta tristesse, même si cette com­préhension ne change rien pour toi.

Je suis vraiment vraiment désolée de t'avoir causé toute cette peine.

 

Il ne s’agit pas de parler plus que l’amant – déjà assez ba­vard – mais il me vient à profusion des réflexions de tous ordres, et devinez quoi, des considéra­tions concernant l’amour.

Je ne le savais pas à cette époque, Facebook est un terrain de chasse et le cœur de cible en est ce que le doux commerce ap­pelle la ménagère de 50 ans. Ce fut dur de l’apprendre. J’en étais tout dolent.

La banalité.

La ménopause, la vie faite, le bilan mitigé, le célibat un peu moins savoureux ou bien un trou d’air dans la sexualité Canigou ronron du couple, ou le divorce choc : la mauvaise nouvelle de son âge arrive à l’épouse, le facteur c’est l’époux qui part avec une jeu­nesse, ce genre de choses.

L’ordinaire des jours qui fuient.

Alors cet inconnu sur fb – une sorte de sextoy virtuel ? une distraction ? de l’avenir ? En tout cas de l’inconnu, à nouveau, enfin.

Je crains que l’amertume ne m’ait emporté.

Et l’inélégance.

 

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(à suivre)

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