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Publié par Michel Castanier

 

Il arrive des pannes où l’amour manque d’inspiration. Ce n’est rien. Comme tout organisme vivant il réclame une trêve pour mieux se relancer, il a besoin du sommeil pour se réveiller. De quoi respirer après l’apnée de la stupéfaction. On ne peut sans cesse s’étonner, cet air perpétuellement ahuri nous dessert, il faut baisser les yeux, les détourner, au pire loucher, pour y revenir à neuf, le regard nettoyé des larmes de joie qui l’embuent, pour mieux s’émerveiller que l’amour soit encore là, nous attendant, confiant, enjoué, avec tout ce sérieux inaltérable d’un enfant à ses jeux.

 

Un monde cruel

 

Comme d’autres collectionnent les canards de bain ou les sables des rivages du monde je détiens une collection de papillons sonores déposés en fichier dans mon ordinateur : des voix heureuses au répondeur, autrefois.

À lire nos anciens il semble que les hommes aient beaucoup pleuré. Ce n’est plus de mise. Il n’est pas grand monde pour larmoyer dans les romans contemporains comme dans la vie. Cette effusion est mal vécue. L’époque se veut cynique. Sous le prétexte d’une affreuse pudeur on aura rayé, en condamnant les larmes, ce dernier signe corporel des vastes émotions incompressibles dans de si petits corps. Le mâle surtout, et mystérieusement, n’a plus ce droit. Il sera bientôt réduit à sa plus simple expression. Il bande, éjacule et meurt – activité de gibet.

Je n’ai pas eu cette chance. Je suis des rares qui osent encore. J’en suis à mon quatorzième lacrymatoire gallo-romain offert en cadeau de rupture. C’était ce matin, au réveil, après avoir écouté une nouvelle fois la chère voix de Rodogune au téléphone j’ai fini par sangloter – l’émotion vibrante m’épuise, comment arriver jusqu’à la Nuit, par quel chemin et dans quel état ?

 

[à suivre]

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