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Visite guidée La monitrice énergique qui précède une classe de CES en excursion culturelle n’a pas souhaité grandir plus que la compa gnie. Sa collègue à l’arrière de la file enfantine, le buste droit, est dotée d’un bien joli balancement des épaules,...
Du trou Je ne sais qui a inventé le réel mais il dépasse toutes nos espérances. Je doute d’en être. Le réel ne m’a jamais paru vraisemblable ou, s’il avait eu la moindre autorité, elle ne valait pas le coup. Nous voyons ce que nous attendons à voir. De...
Les nerfs à vif Mon épouse me trouve « énervé » ces temps-ci. À cela deux raisons. Ma condition ne se prête pas à la bonne humeur. Les gens qui souffrent des nerfs ont en commun avec les handicapés (ce qu’ils sont, d’une certaine façon) d’être assez peu...
Georges Léon Marconnet mourait dans la nuit du 17 au 18, en jan vier, à 2h3 du matin . Léon était mon chauffeur, celui qui était appelé en cas d’urgence, celui qui accourait avec diligence. Je connaissais parfaitement la nature du mal de Marconnet, une...
Tellement appauvri Je lui dis que je savais. Je voulais avoir une avance sur mon malheur, m’assurer une distance qui serait une sorte de confort au moment le plus cruel, être dans l’œil du typhon quand elle allait non pas avouer, elle n’avait fait aucun...
Années 60 Ayant passé la tête à ma fenêtre, je me penche sur le pavé noir trempé de bruine. Une cycliste blonde, qui ressemble à mon amour sur un vélo à panier, arrive en zigzagant du fond de la rue, ses jambes nues en arceaux, un grand paquet-cadeau...
Modeste contribution à ma biographie Il est hors de question que je mette des sous dans une chaise ergonomique. C'est à moi seul de prendre les dispositions adéquates et c'est peu coûteux, moral et une affaire de discipline : se tenir droit. Cependant,...
Un grain Une bonne conversation devrait être une visite amusée dans un château de sable sur une plage privée. J’en attends qu’elle soit entretenue, bras-dessus bras-dessous, d’idées neuves, d’aperçus prometteurs, d’émotions revivifiées. L’entretien rend...
Conte de fée pour adultes consentants N’allez pas croire qu’il ait la moindre conscience de ce qui se passe ! Il est INNOCENT ! Il tourne en rond et tout tourne avec lui, les habitants de ce petit paradis côtier et peut-être nous-mêmes. Il est plutôt...
La Pyramide Rose Certains milieux connurent un émoi tout particulier quand l’architecte WC Rose commit sa notoire indiscrétion. Personne n’a douté qu’elle fut soigneusement voulue et minutée, néan moins personne n’échappa à une légitime curiosité, car,...
Scène primitive Le lac est parfaitement noir, ou mauve, ou lie-de-vin, mais selon cer taines heures, certains jours, certaines saisons. Admirable cette mutabilité des eaux, comme leur couleur tourne avec les heures. Décidemment, être ce changement. Rien,...
Un Héros de notre temps Le grand Auteur referma le capot de l’ordinateur qui claqua comme le coffre d’une Rolls Royce en inextin guible douceur distinguée. L’irrationnalité lui allait comme un gant de soie. Une sonnerie infime (un frottement ?) agaça...
Le Livre de la jungle Nous revenions de la saison du ski. Mon amour était de ces créatures allongées dans des transats sur la lune – se faisant pâlir au clair de terre autour de leurs pis cines de mercure d'où elles applaudissaient aux délicieuses et...
Goélands (L’écueil) est une nudité dans une solitude – Victor Hugo. I Goélands. En mode exil à Guernesey. Trop de lumière. Dou leurs de la nuque aux genoux. Où se mettre. Yeux fragilisés par la clarté de la baie vitrée à hauteur des nuages. Goélands pla...
Goélands - 2 Le soleil m’apparaît ce qu’il est : la plus extrême menace penchée sur le sort de l’humanité. Une violence contenue, une haine farouche, le désaccord maximal. Il voudrait être, il n’est qu’utile, d’un usage de radiateur, de colorant, on s’y...
Goélands - 3 Il y a eu affolement chez les goélands, confusion, ébats et débats en giration multiple et continue devant la baie. On se dispute, on criaille, on chamaille, on s’agite dans tous les sens, ayant assez d’espace pour exprimer sa rage avec ampleur...
Goélands - 4 Les lieux – un village d’estivants né du néant d’une plage sans fin – sont à ce point conçus pour l’homme qu’ils en sont inhumains. Quelle sorte d’homme ? Un être préfabriqué dans le laboratoire mental des préjugés d’un architecte mineur....
Goélands V Qui va là ? Qui est là ? Pas un pas de plus, étranger ! Nomme-toi ou sauve-toi ! Où se sauver ? Quel est le nom ? le nom véritable ? Il ne sait rien de son nom, il lui a été donné, ou prêté, il ne l’a pas voulu, ne l’a pas pensé, il n’en a...
VI J’ai fait l’estivant et voilà que je suis tout enrhumé. Le mois d’avril ne se prête pas aux excès du comportement. J’avais acheté à petit prix un bermuda à pois rouges et des tongs de plage chez le marchand de bermuda à pois rouges et de tongs de plage...
Goélands VII Je vis à Nausicaa – si c’est vivre. Le mouvement mou de la mer est répliqué dans l’architecture des résidences, la vague figurée en ressac dans la pierre des façades, tsunamis pétrifiés en falaises de béton d’où émergent des proues de bateaux,...
VIII Les femmes sont profilées à l’horizon d’une journée de ma vie inouïe, sans pareille et jamais recommencée. Elles défilent en frise le long de l’horizon maritime – succession de profils égyptiens aux murs de mon tombeau dans les sables. L’oisiveté...
Goélands IX Il y a de temps à autre dans les cieux de ces conciliabules dont je vous ai entretenu. J’écoute avec intérêt les orateurs et tente, sinon de distinguer les protagonistes à des inflexions de voix plus personnelles, du moins de déduire la teneur...
X Le vieil homme arriva jusqu’à moi à pas mesurés et, alors que je tentais de le croiser, il leva le doigt comme à l’école. « En peu de temps j’ai été rejeté du monde des vivants, cher monsieur, je veux dire des biens portants en tongs et bobs de plage....
XI Le goéland s’est posé au sommet d’une flèche de béton bizarre. Je veux dire : rien ne justifie cette présence pointue, solitaire entre deux mamelons de dunes, devant la mer étale. S’il ne s’agit pas d’un symbole sexuel déplorable, j’imagine que l’Architecte...
XII Le mûrier sauvage en avril – ils sont trois au bord des dunes, réduits à leurs branches noueuses et basses – vous a quelque chose de décharné qui évoque les Enfers ou la beauté profonde du vautour. Cet arbre est le seul élément vraisemblable – naturel...