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Publié par Michel Castanier

[Henry Vitor]

 

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Au détour d’une ligne d’azalées, le vieux cimetière de la Cité des mille fleurs où repose le père pendu fait face au lac bleu entre les pins.

Le cimetière est un jardin secret parmi les dunes de la Cité, où l'enfant aime à jouer, les bras en croix, après une chute lente, artistique­ment décomposée, gisant sur la dalle tiède d'une tombe dans une pose plutôt harmo­nieuse, les traits en paix, en­fin calme et déten­due – mais, l’œil fixe, elle guette. Les libel­lules et les grillons ont des bonds gigantes­ques par-dessus son petit visage immobile ; une animation perma­nente la veille; un bourdonnement d’abeille; le frémisse­ment éphé­mère d’un sphinx ; les fris­sons des cy­près; le cri de deuil des ci­gales ; la voix de son père qui chu­chote par l’intercession du vent passant sur les her­bes du cimetière.

C’est donc la mort, ce passage tranquille du temps autour d’un corps inerte, inaccessible? L’esprit, arrêté comme une branche flottante sur un écueil, regarde la vie d’Aline bouillonnante et légère fuir sans l’entraîner. L’âme de Violette flotte longtemps avec les ruisseaux de lait des nuages au-dessus de l'étang et dé­rive vers le large bleuté, clair et parfumé.

 

[À suivre]

 

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