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Publié par Michel Castanier

Mais voici qu’à quatre heures du matin tapantes, elle se réveille net, n’ayant plus du tout sommeil, dressée dans votre lit de paysan, hagarde et pourtant maussade, comme si elle écoutait dans la rue une troupe de républicains armés de piques écumer la ville à sa recherche.

Vous la rhabillez, vous la raccompagnez, il est encore tôt et les rues sont peu sûres, en effet. Vous traversez toute la ville, deux pas derrière la comtesse.

Depuis le perron de son nouvel immeuble – toujours cet effet de surplomb qui lui est habituel – la licorne vous considère sans le moindre intérêt, et c’est tout juste si elle ne dépose pas un sou dans votre pauvre main avant de se détourner.

La porte est déjà fermée.

Au réveil dans l’après-midi, vous avez un mot charmant sur votre répondeur merci de m’avoir tenu la main pour traverser la rue.

Et vous fondez d’émotion.

La licorne sait traiter ses gens.

 

Brisons là. J’envie parfois le sort des clochards enfermés dans la rue, autant prendre des dispositions pour se ruiner et finir sous un pont, ce qui, avec l’appui romanesque d’une Créature fatidique, est un scandale pour le cours raisonnable de la société et une fin de vie réussie pour les plus chanceux.

 

 

Cela dit,

depuis mon muret dans les ruines-de-Rome se propageant par les ruines du temple de Diane,

si je songe aux sombres jours de déréliction de l’adolescence,

à ce que ce que fut l’injustice de ma jeunesse à l’égard des goélands

je me navre et prend la mesure de ce qu’a été mon désarroi. Savez-vous ? J’aurais alors avancé, sur la fin, au temps des tristesses, au temps de l’homme : on n’aime jamais aucun être. Nous n’aimons qu’une hypothèse.

J’avais tort.

 

[à suivre]

 

 

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