Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Michel Castanier

[Michel-Ange]

2

 

On n’en finit jamais avec la prose, elle est inachevable. C’est pourquoi j’aime ce matériau vivant là où la grande poésie est un état suspendu lors même qu’elle est taillée au burin dans la pierre des nuages – inatteignable. La prose est une source de joie aussi communicative qu’un sourire – ou parfois qu’un bâillement. Elle est attractive dans les ressources d’une intrigue et caressante dans les plis et replis de la phrase. Elle se donne là où la poésie nous attend. La prose est un peu putain, certes, mais du coup bonne fille. Elle charrie des scories douteuses, mais le douteux c’est la vie et ses petits coins. La poésie est pure, raide, le front haut, une émotion tremble en elle, à peine sensible au toucher.

Vous ne serez pas surpris qu’elle me rappelle ma douce Prudence, mais ceci est une autre histoire, ailleurs, enfin.

 

Traversée en apnée de l’azur

Il m’est reproché par mon ophtalmologue de ne pas cligner des yeux suffisamment. J’y perds de ces larmes bénéfiques qui humidifient la prunelle. C’est que je veux regarder la vie en face. À sec.

Ne pas voir serait n’être pas vu ? ce n’est pas mon genre. Je n’ai peur de rien, même pas de moi-même. Fermer les paupières, fût-ce si peu, est un renoncement¸ une dérobade, une fuite, le péché par excellence contre l’espérance.

Le temps d’un battement de cils tant d’évènements peuvent avoir lieu, Une éclipse infime et voilà certain passage solaire m’être caché. Garder les yeux ouverts quand Prudence est là m’aveugle, je ne m’en plains pas, je n’en écrirai que mieux, en larmes et en braille.

 

Je lui donnais le bras, parfois nous nous asseyions à la terrasse d’un bistrot bienheureusement déserte, nos rires faisaient rebondir la pluie, nous étions au sec.

On se taisait.

Un mauvais plaisant s’amuserait que nous nous attardions l’un près de l’autre au bord de ce beau silence. Il se tromperait. Nous causions de ce dont nous causions en notre absence. 

… Nous sommes des prématurés parmi des créatures préhis­toriques … 

… Notre doux malheur parfois se porte au tragique, et le plus souvent se résout en rires ... 

Chaleur du texte ! métabolisme tiède du phrasé ! pulsations ! L’amour est des nôtres ! 

Les vagues palpitaient, nos rires d’écume étaient l’enfance des plages du monde.

 

 

[à suivre]

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article