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Publié par Michel Castanier

Fiction mystérieuse, Satire, Comédies, Personnage de fiction, Roman d'aventures, Nouvelle, Littérature, romans policiers, Prose, Récit, Fantastique, Comédie dramatique, Humour, Roman (littérature)
[Max Leiva]

 

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Claire jouait à ce moment un rôle important sur la terrasse du « manoir ». Max aurait préféré que non, mais elle avait du carac­tère, qu’on ne percevait pas tout de suite, ou trop tard, il apprenait à la connaître, et comme toujours sur le tard et dans les difficul­tés, il n’en avait pas fini, il n’en finirait ja­mais. Et pourtant, il en a fini.

Max Spenser – pas plus Anglais que moi – avait été le patron d’un studio d’en­registrement et d’une petite maison d’éditions de CD et de clips qui avait gagné en importance grâce au succès de Claire Lempereur. J’avais eu ces renseignements par un ami obli­geant. Je savais tout ça et bien d’autres choses, mais autant se faire raconter l’histoire par un autre que soi-même : ils s’étaient connus au temps de notre petite club d’adolescents, mais par la bande, en quelque sorte, sans qu’il se mêle à nous. En somme, il la guettait, attendait le bon moment. Mon informateur crut bon de préciser qu’il n’y avait rien eu entre eux à cette époque, c’était généreux de sa part, l’appa­reillage ne serait conclu que bien plus tard, quand la carrière de la chanteuse « battit de l’aile » pour un temps (cette expression n’est pas de moi, je n’emploie des locutions aussi éculées qu’avec réserve, la chan­teuse n’était pas un oiseau, ni un ange, elle était un papillon à mon époque, cherchant sa plante hôte, où déposer son ver).


 

6

 

Pourquoi aurait-on tué Marie ?

Il était curieux que personne n’ait posé la question avant Claire. Notre cli­matologue, chérie des réseaux sociaux à ses heures heureuses, n’aurait pas dû avoir d’ennemis mais des tas d’amis avec de grosses lunettes et des boutons d’acné, ama­teurs de gros nimbus, d’humidité et de ressenti. Claire avait alors en­visagé de chercher le mobile dans le cercle des amis de la promo Zéphira après leur séparation en mauvais termes ...

Je dus avoir l’air bizarre, car mon informateur recula d’un pas.

Marie risquait-elle de trahir une information essentielle sur cette époque ? poursuivait Claire.

J’étais sceptique et dis pourquoi. Marie Berjot avait été assez margi­nale à nos fêtes et elle n’avait dû sa présence ces jours-ci dans la ferme qu’à l’insistance de Fernand : ils avaient eu des petits amis communs, cela crée des liens amu­sés. Pendant ce temps, Claire était déjà passée à une autre hypothèse : le mo­bile était les retrou­vailles à la pom­meraie (Claire n’avait pas dit « le manoir », et je fus fier d’elle, malgré tout).

Elle se tut, reprit sa respiration comme on prend son élan (et là je crus qu’elle avait dérapé).

Le meurtre est-il le premier élément d’un programme au cours de notre séjour à la campagne ? Le brouillon d’un roman noir testé in vivo par un auteur dément ? Fait-il partie d’une sorte de liste d’activités – sports de combats et ateliers récréatifs – au Centre de loisirs Fernand Kaspar ?

Claire a eu une toux qui ne pouvait être qu’un sanglot ner­veux. Enfin. Per­sonne n’osa lever les yeux vers Fernand qui re­gardait le Mont Blanc comme s’il ne l’avait jamais vu.


 

[à suivre]


 

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