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Publié par Michel Castanier

UNE SAISON INQUIETE

 

Ce n’est que peu à peu que Justine comprit que la littérature rendait fou.

Justine, de retour auprès de Grand-Mère, confia qu’elle cherchait encore à aider Mamore dans son travail, bien qu’à présent elle se montrât moins diserte, bien sûr ne refusant pas de répondre mais y mettant moins de cette nature heureuse, de cet enjouement confiant qui avait animé leurs premiers entretiens. Elle ne saurait demeurer plus longtemps la secrétaire d’un grand homme. C’était une tâche trop ingrate.

La vieille dame, à qui elle confiait ces récentes réserves, l’approuva en souriant, le bout de ses doigts pliés contre ses grandes dents ; assise à l’abri de son parasol favori sur le ponton du Café du grand large, ne mesurant pas les conseils et les recommandations, ainsi que les petites histoires amusantes qu’elle égrenait dans ses souvenirs, l’ancienne institutrice était même hilare en cherchant à côté du sucrier le sucre de son café fortement coupé d’alcool de prune.

Pendant ce temps le Grand Écrivain solitaire dans son pavillon, bercé par l’appareillage, balancier, suspensions, chaînes, élévateurs, remontoirs, ressorts et roues, écoutait longtemps la voix lointaine de Justine, une fois la jeune fille partie, écoutait en lui l’écho de cette tonalité boudeuse et impulsive.

Il songeait à sa nostalgie – aux longs échos d’un désir inachevé

 

sous l’efflorescence mauve d’une chute de lilas une pièce d’eau, de la verdure, une dimension plus secrète et plus agréable – où Justine est blottie – petite statue de marbre – et me lèche la joue.

 

 

[à suivre]

 

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