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Publié par Michel Castanier

 

UN NUAGE DE POUSSIERE ROUGE APPARAIT AU FOND DU FLEUVE, DU COTÉ DU SOLEIL COUCHANT

 

(… Les ampoules, sous les vitres opalescentes des veilleuses, éclairent les fronts.

Un grand Atlas imaginaire est ouvert sur la table, et les doigts de Bénédicte se déplacent sur des continents, des îles et des océans invisibles. Elle y consulte d’un air digne et secrète­ment jubilant un plan de l’île aux Crânes où l’emplacement du trésor est figuré par une malle immatérielle qui déborde de pièces d’or et de coïncidences extraordinaires, d’émeraudes grosses comme le cœur et de hasards absurdes et délicieux.

Alex épie la situation avec une face circonspecte d’agent des impôts dans son médaillon de verdure.

La lumière vacille dans les lampes. Une série d’éclairs de chaleur palpite. Est-ce une illusion d’optique ? Les mouvements de Bénédicte se démultiplient sous un effet stroboscopique, et le regard égaré d’Alex guette les multiples avatars du Moi de Bénédicte, de Bénédicte échevelée, de Bénédicte ricanant, de Bénédicte qui se suce le pouce, de Bénédicte morose, de Bénédicte hilare avec des petites cornes sur le front – de l’irréductibilité de la folie de Bénédicte !

La lumière se stabilise dans les lampes, passablement décolorée, laissant le salon de thé ensommeillé.

Mais voici que le rire de la jeune fille fuse à nouveau ! qu’elle tente de retenir contre ses doigts, en apercevant la tête éplorée d’Alex dans le berceau de la végétation.

Il se frappe du pouce la poitrine en hurlant.

– C’est moi, le Saumon ! Je suis le Saumon ! Personne d’autre ne peut être le Saumon ! ...) 

 

– Et c’est ainsi que l’on disparaît dans le froid, dans le vide… Il y a des nuits qui sont comme des tombeaux !

 

à suivre]

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