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Nouveau bulletin des campagnes d’exploration 1 C’est jour de marché. La foule du vieux port se presse à la criée. Un chalutier remonte le long des quais. Des marins descendent la passerelle sous la brume matinale. Le professeur passe les planches à...
Quand vous étiez petit, vous vouliez être martyr. C’est une option. Elle n’exige pas un CV surchargé. Ni d’études particulières. Peut-être scientifiques, un peu. Les Humanités ce n’est pas la peine et ça prend trop de temps, réfléchir. En revanche, votre...
Prodiges et Merveilles 1 Le chercheur d’or ne serait pas plus fiévreux que les explorateurs qui aperçoivent enfin les premiers dieux, demi-dieux, monstres, guerriers, héros et autres curiosités mineures. À son cercle d’intimes, madame Ophélie, la...
Intéressante contribution du père Gilles. 1 À ceux de nos explorateurs qui ne voient toujours rien et qui doutent de leurs sens le président dit, avec alacrité : – Ce n’est pas ce que je demande. Doutez de vos sens et vous verrez. C’est sur ces mots...
Discours dit du chandelier 1 Il y a grande affluence sous la Tente des expéditions, devant les premières marches bleues de la Méditerranée. Une agréable odeur de rhum chaud enveloppe le léger entretien que le professeur mène, un chandelier à la main,...
Eros morose 1 – Vous n’avez encore rien vu, dit madame Amandine. Attendez la Prostituée fameuse assise au bord des eaux. Madame Amandine, notre Pythie, cuisinière au réfectoire, a une bouche lourde et pourpre comme une mûre, qui plaît beaucoup....
Témoignage Mohamed 1 La lanterne du soleil en bout de môle trace une ultime ligne de lumière sur la promenade de la jetée. Le mur d’un des quais reflète des auréoles qui ondulent. Mohamed, migrant syrien, qui passe par là, est dans le chantier naval...
Témoignage Ambroise 1 C’est à la fin d’une nuit folle qu’Ambroise, l’homme-rhinocéros, toujours enrhumé, sortant de la discothèque des Pins, manque chuter dans la fosse d’un chantier de la rue des Epinettes où la main ferme d’un maraîcher lui sauve...
9 . Je n’ai pas dit l’angoisse, je n’ai pas dit la nostalgie, je n’ai pas dit la détresse, ce sont des effets dans une intrigue bien ficelée : votre vie, des effets bien menés, mais des effets attendus, obligés, des facilités, des lieux communs, on n’y...
6 . Moi qui n’ai jamais eu de montre j’aime me distinguer je veux connaître l’heure et en même temps la redoute le temps de la clinique n’est pas le temps du Siècle l’heure de la clinique dit plus sûrement que du temps reste à vivre dans cet état de...
4 . En pyjama immobile dans les hauteurs de la ville au niveau des immeubles en gradins sous les falaises de fenêtres inanimées vous-même sur votre chaise dans votre propre muraille attentif derrière des vitres très propres la poignet aura été ôtée...
L’ETAT CLINIQUE 1 . Je ne suis plus seul, j’ai un cancer. On croit vivre un drame, une fiction – c’est un drame, mais ce n’est pas une fiction, c’est votre vie. C’est votre corps qui a peur le premier, on ne sent plus ses jambes, comme c’est bien dit,...
Dieu nous parle . Ces gens me fatiguent. Si je suis colère, ils n’écoutent pas. Gentil, ils en profitent. Je les ai dotés à leur naissance du plus beau des dons : ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils en sont venus à ne même plus savoir ce qu’ils veulent....
Ici la Poésie : le poète parle aux poètes. En ces temps d’occupation – je veux dire : de divertissement – le poète a une mission austère : parler à sa page blanche, parler de la page blanche. Du mot. De la marge, éventuellement, qu’il aime beaucoup et...
C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à oublier le requin bouledogue, le requin bouledogue pour sa part remonte les rivières en dépit du bon sens, son nom en dit long sur les intentions de ce fou furieux. La tortue caouanne… La tortue caouanne...
Le Rat et la Création Au commencement Dieu créa le ciel, la terre et le rat puis il se reposa. Quand il se fut reposé il dit au rat de nommer ce qu’il voyait. C’est là que le rat se prend au sérieux et n’en finit plus. L’ennui est que Dieu fit le rat...
Le rat a le sens de la propriété. Pour bien se faire comprendre, il a une épouvantable tendance à uriner sur ses manuscrits pour faire connaître son territoire. Certains comités de lecture parmi les plus renommés n’ont pas leur pareil, même les yeux bandés,...
12 La lune est gibbeuse décroissante, sa trajectoire ascendante, son illumination de 74,91%, elle est à 380303 km de distance de ma fenêtre, elle éclaire mes genoux côte à côte sur la chaise, j’aime savoir où j’en suis. J’ai reçu un appel téléphonique...
11 Dimanche j'ai regardé la reine d'Angleterre descendre la Tamise toute l'après-midi, ça m'a fait du bien. Lundi j'ai regardé le tennis à Roland-Garros, cette passion folle contenue dans une toute petite géométrie m'a reposé, cela ressemble à la...
À Lunel-Viel, le 15 octobre 2010 Chère Madame C., Je suis honoré de votre amicale attention. Vos arguments sont, bien sûr, très pertinents. Et confondants. J’avais entre-temps répondu à quelques-uns des problèmes de composition que vous soulevez. Je...
10 La dernière année de notre relation je me disais elle s'agite, elle s’agite dans tous les sens comme une boule dans un flipper, je me disais surtout ne rien dire, ne rien faire, ne rien remarquer, attendre patiemment qu'elle s'arrête auprès de toi,...
Les plus circonspects d’entre les hommes de bon goût viennent consulter de bon matin l’Écrivain au sujet de ce que c’est, l’amour. – L’amour ?… dit-il, hébété, apparu à la fenêtre de son mobil-home, des plumes d’édredon dans ses cheveux embroussaillés....
Ce colosse, né dans les quartiers d’hiver du fleuve Amour, descend dans une corbeille de papyrus un des affluents du Tobol. Choc – de son vrai nom Fiodor Stépanovitch Gogonov – est dans sa jeunesse effaroucheur d’oiseaux sur le tarmac de l’aéroport...
À Lunel-Viel, le 9 avril 2009 Cher Monsieur, Vous avez refusé « Spectres, Automates et Tomates » avec, comme à l’accoutumée, une grâce incomparable. Voici « Tomates, Automates et Spectre » réformé. Les premières pages seront celles que vous avez lues,...
8 Ce n’est pas juste, c’est maman qui devrait m’attendre moi, elle devrait être assise elle aussi sur une chaise devant la porte, elle serait triste, elle pleurerait elle aussi, toute seule dans le noir, elle me haïrait, elle imaginerait toutes sortes...